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Maya / Guatemala - Perenco, exploiter le pétrole coûte que coûte

publiée le 29/07/2011 par CSIA-Nitassinan

« Perenco est une société pétrolière indépendante d’exploration et de production. Nous opérons dans une quinzaine de pays où notre savoir-faire est synonyme, pour les États, de revenus importants tirés de leurs ressources naturelles. Nous veillons à ce que les populations vivant à proximité des sites où nous travaillons bénéficient de notre présence. Nos projets sociaux et environnementaux sont mis en œuvre en impliquant directement les communautés locales tout en préservant leur culture et leurs valeurs. » Partenaire de l’exposition Maya, de l’aube au crépuscule, inaugurée au Musée du Quai Branly ce 21 juin, voici la manière dont se présente l’entreprise pétrolière franco-anglaise Perenco, sur la page internet dédiée à l’exposition. C’est le tableau contraire que dresse le Collectif Guatemala dans le rapport Perenco, exploiter le pétrole coûte que coûte – rapport sur les conséquences sociales et environnementales des activités de l’entreprise Perenco Guatemala Limited

En fait de revenus pour l’État guatémaltèque, nombreuses sont les voix au Guatemala qui, chiffres à l’appui, s’élèvent contre le manque à gagner que représente le contrat d’exploitation de Perenco. Plus grave : les conséquences sociales dans la région sont extrêmement négatives pour les communautés vivant à proximité des puits : militarisation de la zone, avec l’implantation du "Batallón Verde", détachement militaire de 250 hommes, cofinancé par Perenco ; risque d’expulsions forcées pour de nombreuses communautés ; climat de peur, voire d’omerta ; indices de corruption avec les autorités locales et nationales ; processus de consultation inexistants ou opaques ; quant aux projets sociaux de l’entreprise, leur qualité est fortement démentie par les bénéficiaires supposés.
Enfin, les conséquences environnementales sont certainement les plus dommageables et incertaines à long terme. La zone d’exploitation se trouve dans le Parc National Laguna del Tigre, zone protégée par la Convention de Ramsar sur les zones humides, où l’industrie extractive est normalement interdite. Le renouvellement du contrat de Perenco en juillet 2010, décidé dans des circonstances extrêmement controversées, voire opaques, contre l’avis du ministre de l’Environnement et du CONAP, l’instance chargée de l’administration et de la protection des zones protégées au Guatemala, n’a fait l’objet d’aucune étude d’impact environnemental supplémentaire alors même que de nouveaux puits vont être percés dans la zone protégée.
La publication de notre rapport, issu de plusieurs mois de recherche, d’enquêtes et d’entretiens au Guatemala, ainsi que l’invitation du député guatémaltèque Aníbal García en France en juin 2011 marquent le lancement d’une campagne visant à alerter l’opinion publique et les décideurs français et européens sur les conséquences de la présence de Perenco au Guatemala. Loin de renforcer la démocratie et l’état de droit, Perenco perpétue la tradition d’impunité dont jouissent les secteurs économiques dominants et vulnérabilise les droits des populations. En finançant l’armée, Perenco brouille encore plus les pistes : cette militarisation, officiellement pour lutter contre le crime organisé, est surtout perçue par les populations comme un moyen de défendre les intérêts de l’entreprise.
Les populations du Péten visitées dans le cadre de l’écriture de ce rapport lancent un appel pour que leurs droits soient reconnus et pour n’être ni déplacées ni réprimées. Certes, Perenco n’est pas leur seul problème : l’industrie touristique, les biocarburants, les barrages sont autant de projets qui leur font craindre d’être expulsées. Mais Perenco est une entreprise française et c’est à ce titre que nous devons l’interpeller et la dénoncer.

Au cours de sa campagne, le député Anibal Garcia et le Collectif Guatemala ont pu rencontrer des députés, sénateurs, eurodéputés, ainsi que le Ministère des Affaires Étrangères. Le but de ces rencontres était de les sensibiliser à cette question afin qu’ils puissent agir et faire pression, à la fois sur l’entreprise, pour qu’elle réalise les études d’impact environnemental auxquelles elle est contrainte par la loi, et également sur l’État français, afin qu’il se positionne publiquement sur cette question.
Suite à la conférence de presse organisée à l’Assemblée Nationale avec le soutien d’Une Seule Planète, la campagne de sensibilisation sur les pratiques de l’entreprise au Guatemala a trouvé un relais important dans les médias : Monde.fr, Nouvel Observateur, Télérama, TV5 Monde, France 24, Novethic, France Culture… Voir notamment l’article du Monde.fr : Commerce de l’or et fouilles archéologiques au pays des mayas par Aline Leclerc, ou encore l’article publié dans le Monde Diplomatique : Au Guatemala, l’oligarchie rentabilise la civilisation maya par Grégory Lassalle.
Une soirée publique s’est également tenue au siège d’Amnesty International le jeudi 23 en présence du député Anibal Garcia, de Cynthia Benoist (auteur du rapport) et de Jacques Viers (Commission Entreprises d’Amnesty International France) ; elle a réuni plus de 70 personnes.

Sont disponibles sur le site http://collectif-guatemala.chez-alice.fr/ : différentes informations dont le rapport et ses annexes et notre dernier bulletin (Lettre à l’Adhérent), consacré à Perenco.

Collectif Guatemala