Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques

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COP 25 - Délégation autochtone d’IEN délogée de l’ambassade des Etats-Unis à Madrid pendant un hommage aux femmes autochtones portées disparues et assassinées

publiée le 12/12/2019 par CSIA-Nitassinan

La délégation autochtone de la COP25 délogée de l’ambassade des Etats-Unis lors d’une tentative d’hommage aux femmes et membres de la communauté LGBTQ2+ autochtones porté.e.s disparu.e.s et assassiné.e.s.

Aujourd’hui, une délégation d’Indigenous Environmental Network composée de plus de 75 activistes autochtones et d’allié.e.s a manifesté devant l’ambassade des Etats-Unis à Madrid, en Espagne, pour réclamer justice au nom des femmes, des personnes bispirituelles et des filles (MMIW) autochtones portées disparues et assassinées. La délégation a été délogée du trottoir par la police nationale espagnole et poursuivie pour entrave. L’agent de liaison entre la police et le groupe a été retenu et contraint de montrer ses papiers.

En 2016, l’Urban Indian Health Institute a constaté que seuls 116 cas signalés sur 5712 de disparitions et d’assassinats de femmes autochtones aux Etats-Unis avaient été enregistrés dans la base fédérale des personnes disparues du Ministère de la Justice.

Un grand nombre de ces affaires résulte directement de l’implantation de « camps d’hommes » par les compagnies d’extraction pétrolière pour des ouvriers temporaires, situés près de communautés autochtones. Cela se manifeste particulièrement dans les zones rurales des Etats tels que le Dakota du Nord et le Montana, où demeure l’épicentre des violences à l’encontre des femmes autochtones. De plus, selon l’Urban Indian Health Institute, 70 % des Autochtones vivent dans des zones urbaines, où les femmes autochtones non seulement disparaissent, mais dont les disparitions sont sous-estimées par les agences municipales de police, et bien trop souvent ignorées par les médias locaux. Nous ne pouvons tolérer que cette question soit invisibilisée, par le gouvernement ou les médias.

« Que ce soit dans des motels délabrés ou dans des camps temporaires, certaines choses restent vraies. Il y a un afflux de travailleurs de passage qui apportent avec eux alcool, drogues et violence, dont le viol, le meurtre et le trafic d’êtres humains », a déclaré Casey Camp-Horinek membre de la nation Ponca d’Oklahoma.

TransCanada et d’autres compagnies d’énergies fossiles continuent à construire des oléoducs, tel que Keystone XL, qui transporte du pétrole extrait des sables bitumineux en provenance du Canada grâce à des juridictions aux Etats-Unis qui n’appliquent ni le principe du consentement libre, préalable et éclairé, ni une communication transparente entre organismes multilatéraux chargés de l’application de la loi. Ces deux principes sont nécessaires à la protection des communautés autochtones et leur permettent de pratiquer leurs cultures respectives. En résulte une violence généralisée à l’encontre des terres autochtones, dans la continuité de laquelle s’inscrit la violence à l’encontre des femmes autochtones.

Il faudra bien plus qu’une action exécutive qui alloue un montant de 1,5 millions de dollars fédéraux pour s’attaquer aux violations des droits humains, des femmes et des terres autochtones et y mettre fin.

En vertu des principes de justice environnementale de 1991, les actes gouvernementaux constitutifs d’injustice environnementale sont considérés comme une violation du droit international, de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et de la Convention des Nations Unies sur le génocide.

Nous appelons la communauté internationale et tous les peuples des Etats-Unis à rejoindre notre appel à agir, à rejoindre notre appel pour la reconnaissance et à se joindre à nos demandes d’action concrète pour que les femmes autochtones soient protégées et respectées. Le directeur du mouvement Indigenous Environmental Network, Bineshi Albert, a déclaré : « Cela ne devrait pas être une question politique utilisée à des fins électorales, c’est une question de vie et de mort, de dignité, ce pourquoi toutes les initiatives fédérales devraient inclure les communautés autochtones à un niveau décisionnel dans la reconnaissance et le respect de notre souveraineté ».

Crée en 1990, Indigenous Environmental Network est une organisation internationale pour la justice environnementale qui travaille avec des associations tribales populaires pour développer le potentiel des communautés autochtones. Les activités d’IEN incluent l’empowerment des communautés autochtones et des gouvernements tribaux pour développer des dispositifs de protection de nos sites sacrés, de la terre, de l’eau, de l’air, des ressources naturelles, la santé de notre peuple et de toutes les choses vivantes, et pour construire des communautés à l’économie durable.

Pour plus d’informations : ienearth.org.

Traduction : Aurélie Journée-Duez (CSIA-Nitassinan).