Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques

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Sur le retour des déplacés de San Juan Copala

publiée le 29/01/2012 par CSIA-Nitassinan

Communiqué de l’organisation Nuevo Viento (Vent nouveau)

Le retour de 122 déplacés à cause du massacre commis en 2010 à San Juan
Copala a été empêché pendant plus d’une journée par un blocus réalisé par
deux cents policiers du gouvernement local d’Oaxaca, sur la route publique
de Tlaxiaco à Yosoyuxi le jeudi 26 janvier.

Les droits au retour à leur village et au libre transit (pour lesquels ils
avaient demandé protection) ont été violés par les policiers de l’État, à
l’encontre de leur obligation de garantir et protéger ces droits. Les
déplacés, qui comprennent 71 femmes et 26 enfants, ont été obligés
d’arrêter leur voyage de retour et d’attendre là-bas, dehors, en pleine
nuit, par des températures très basses et sans nourriture.

L’État d’Oaxaca n’a pas rempli convenablement ses obligations définies par
la Commission interaméricaine des droits humains (CIDH) dans les mesures
de précaution MC 197-10 pour garantir la sécurité des déplacés dans leur
retour à leur territoire légitime, San Juan Copala.

Les mesures de précaution émises par la CIDH pour protéger les 135
victimes déplacées obligent le gouvernement à « garantir la vie et
l’intégrité personnelle de ces 135 habitants de San Juan Copala » ;
d’après l’accord, « il conviendra des mesures à adopter avec les
bénéficiaires et leurs représentants ».

Cependant, au lieu de se mettre d’accord avec les déplacés sur la manière
de garantir leurs droits, le 25 janvier 2012 le gouvernement a établi un
accord avec ceux qui ont perpétré le massacre de 2010 à San Juan Copala,
abandonnant ainsi les victimes sans se prononcer sur leurs droits
essentiels, sapés sans leur consentement.

Pour garantir les droits humains de déplacés par un massacre, une
condition requise est que l’État, sans retard, entame un plan de
désarmement, d’arrestations, traduise en justice les responsables du
massacre, et garantisse un retour sûr des déplacés à leur communauté
d’origine, en les protégeant de toute interférence ou usage de la force
par les massacreurs.

L’État se montre partisan du contraire, puisqu’il s’est mis d’accord avec
les responsables du massacre de la communauté sur le fait qu’après
dix-huit mois de déplacement les familles déplacées pourraient commencer
en mars à revenir graduellement une par une, à condition qu’elles
acceptent que leur communauté soit dirigée par les auteurs du massacre et
de leur déplacement.

Si l’État permet ce que veulent ces hommes, qui contrôlent toujours les
armes et par conséquent la communauté capturée, y déterminant les
conditions de vie, alors le retour pourrait durer quatre ans.

Le gouvernement considère même comme membres des autorités locales les
pistoleros Julio Martínez et Mauro Vásquez, qui ont participé au massacre
contre les membres et défenseurs de la Commune autonome de San Juan
Copala, y compris Bety Cariño, de l’organisation Cactus, et Jyri Jaakkola
de notre association Nuevo Viento.

Ces mesures du gouvernement, qui protège les assassins au lieu de les
désarmer et de les arrêter, favorisent l’impunité des responsables des
violations des droits humains passées et qui continuent à se perpétrer,
comme en août dernier où trois membres de la Commune autonome de San Juan
Copala ont à nouveau été assassinés.

La communauté triqui déplacée, dont le retour a été annoncé, réclame son
droit à l’accès effectif au territoire qui est le sien. Si l’État ne la
protège pas et permet aux auteurs du massacre de continuer à contrôler la
communauté, il violera son obligation de respecter et de garantir les
droits humains des Triquis, reconnus au niveau national et international.

C’est pourquoi nous demandons au gouvernement de l’État d’Oaxaca de
désarmer, d’arrêter, de capturer, d’inculper et de juger les responsables
du massacre et du déplacement de la Commune autonome de San Juan Copala.

Garantir sans retard les droits des membres de la communauté déplacée à la
vie, à la sécurité, à l’accès à leur territoire et à ses ressources pour
leur subsistance, à leur autonomie, à délimiter le territoire où ils ont
vécu depuis toujours et jusqu’au massacre, ainsi qu’à un retour sûr à leur
communauté, remplit les obligations internationales qui sont exposées dans
un appel annexe (en anglais).

Bien à vous,

Nuevo Viento et les Amis de Jyri Jaakkola, association civile.

Traduit par el Viejo.


LA VOIE DU JAGUAR
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