Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques

Espace adhérents

Échec gouvernemental dans le retour des déplacés de San Juan Copala

publiée le 06/02/2012 par CSIA-Nitassinan

5 février 2012.

Hier, 4 février 2012, entre 11 et 18 heures, s’est réalisé la quatrième et dernière rencontre entre les représentants des déplacés de San Juan Copala et les personnes qui occupent le village de facto.

L’ « assemblée » a eu lieu dans le bâtiment de la présidence communale autonome (également appelée par les paramilitaires et le gouvernement « Agence municipale ») ; elle a été dirigée par Antonio Cruz Merino alias Toño Pájaro, fils d’Antonio Cruz García, Alberta Martínez de Jesús (épouse du multi-assassin Julio César Martínez Morales) Belén Cruz Merino (fille d’Antonio Cruz García) et Mauro Vázquez, dénoncé le 7 septembre 2010 comme multi-assassin, violeur et paramilitaire.

À cette assemblée ont participé plus de 100 personnes qui n’appartiennent pas à la localité ou village de San Juan Copala ; elles ont été amenées pour « bourrer la salle » par le MULT depuis les localités de Rastrojo, Ladera, Coyuchi, Río Metate et Ojo de Agua, entre autres.

Après un début trop agressif, où les émissaires des paramilitaires ont affirmé que les déplacés n’avaient aucun droit sur leur propre village, s’est établie une proposition dans laquelle le retour des déplacé-e-s se ferait à un rythme de 5 familles par semaine, mais à la condition d’un « pardon » ou d’une amnistie gouvernementale à tous les assassins qui ont assiégé, pris d’assaut, assassiné, dépouillé, chassé, violé et blessé les actuels déplacés. Ils ont exigé aussi comme condition qu’il n’y ait aucune présence policière, ni d’aucune personne extérieure à la communauté, y compris de la Commission nationale des droits humains (CNDH) ou de n’importe quel autre organisme ou institution.

Les représentants des paramilitaires qui occupent de facto le village de San Juan Copala sont passés d’un discours pseudo religieux de « pardon éternel » à un clair avertissement : sans une amnistie pour tous les assassins militants du MULT ou de l’Ubisort, ils ne vont tolérer aucun retour des déplacés.
Finalement, ce qui a prévalu, c’est la négligence du gouvernement dans la tâche qu’il a l’obligation d’accomplir, son incompréhension de l’environnement de violence et de délinquance, et sa complicité directe avec les groupes paramilitaires, ce qui l’a amené à abandonner ses obligations et à renvoyer la solution du problème à un « accord » entre les victimes de la violence paramilitaire et leurs bourreaux, abdiquant ainsi toute responsabilité en tant que gouvernement.

Devant la totale déroute de la stratégie du Gouvernement de Gabino Cué, ridiculisée au niveau international par un simple NON du tueur en série Toño Pájaro, et une fois démasquées la coexistence et la cohabitation du gouvernement de l’État d’Oaxaca avec les paramilitaires de la région triqui, la Commune autonome de San Juan Copala appelle toutes les personnes de bon cœur au Mexique et dans le monde à s’unir à nous et à prêter attention à la manifestation marche qui aura lieu mardi 7 février, à midi, de la déviation YUCUDAÁ sur la route Huajapan de León-Tlaxiaco à la ville d’Oaxaca, pour exiger du gouvernement de l’État d’Oaxaca et du gouvernement fédéral qu’ils s’acquittent de ce qui est leur obligation et que leur a ordonné la Commission interaméricaine des droits humains (CIDH) :

- Retour immédiat des déplacés dans leurs foyers.
- Garanties immédiates de sécurité à la population triqui déplacée.
- Arrestation immédiate des assassins du peuple triqui.
- Respect inconditionnel des droits du peuple triqui ; assez de demandes du gouvernement pour que les déplacés renoncent à leur droit à la vie, à leur droit de vivre sur leur territoire, à leur droit à s’organiser comme ils le décideront librement, tout cela comme condition pour s’acquitter des obligations qu’en tant qu’État lui fixent les lois mexicaines et le droit international.

Nous invitons toutes les personnes dont le cœur est bon à reproduire par tous les moyens ce communiqué, et nous informons également que mardi à midi aura lieu une conférence de presse au siège de l’ambassade de Finlande dans la ville de Mexico, où se rendront des Triquis et des gens solidaires pour demander à l’État de Finlande qu’il exige du Mexique l’arrestation immédiate des assassins de Jyry Jaakkola et d’Alberta (Bety) Cariño ; le gouvernement de l’État d’Oaxaca les cache et les protège, et il a abdiqué en leur faveur afin que ce soient ces assassins qui décident du sort des déplacés de San Juan Copala, et en général du destin de la nation indigène triqui.
Nous invitons la CIDH, l’ACNUR, l’ACNU-DH, la CNDH, Le DPO, le SERAPAZ, etc. à être attentifs à la manifestation marche de la région triqui vers la ville d’Oaxaca et à exiger de l’État mexicain à tous ses niveaux le respect absolu du droit de libre transit, de la liberté de manifestation et d’expression, ainsi que du droit des peuples indigènes à l’usage et la jouissance de leurs territoires, au retour dans leurs foyers et à la libre détermination.

À la demande du Conseil autonome communautaire (CAC) de la Commune autonome de San Juan Copala,

Forum permanent pour la Commission de vérité.

Traduit par el Viejo
http://sanjuancopalaoaxaca.wordpress.com/

Texte de l’affiche de la Commune autonome de San Juan Copala, 5 février 2012 :
Devant la totale déroute de la stratégie du Gouvernement de Gabino Cué à garantir le retour des déplacés, et une fois démasquées la coexistence et la cohabitation du gouvernement de l’État d’Oaxaca avec les paramilitaires de la région triqui, la Commune autonome de San Juan Copala appelle toutes les personnes de bon cœur au Mexique et dans le monde à s’unir à nous et à prêter attention à la

MANIFESTATION MARCHE

mardi 7 février, à midi, de la déviation YUCUDAÁ sur la route Huajapan de León-Tlaxiaco à la ville d’Oaxaca.

Nous exigeons :

- Le retour immédiat des déplacés à leurs foyers.
- Des garanties immédiates de sécurité pour la population triqui déplacée.
- Le respect inconditionnel des droits du peuple triqui. Assez de demandes du gouvernement aux déplacés de renoncer à leur droit à la vie, à leur droit à vivre sur leur territoire, à leur droit à s’organiser librement comme ils le décideront, comme conditions pour que l’État remplisse les obligations que lui imposent les lois mexicaines et le droit international.

Conseil autonome communautaire
Commune autonome de San Juan Copala
5 février 2012.