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La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Navi Pillay se félicite du verdict historique rendu dans le procès pour génocide au Guatemala

publiée le 16/05/2013 par CSIA-Nitassinan

GENEVE (13 mai 2013) - La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Navi Pillay, a salué la condamnation en première instance, vendredi passé, de l’ancien chef d’Etat de facto du Guatemala, José Efraín Ríos Montt, pour génocide et crimes contre l’humanité.

« Le Guatemala écrit l’histoire en devenant le premier pays au monde où un ancien chef d’Etat est condamné pour génocide par une juridiction nationale », a déclaré Navi Pillay. « Je salue le courage et la persévérance des victimes, de leurs proches et des survivants, qui ont rendu tout ceci possible malgré de nombreux obstacles. Je salue également les avocats, les procureurs et les juges qui ont accompli leur devoir dans des circonstances extrêmement difficiles, en dépit de menaces graves et d’intimidations. »

Ríos Montt a été condamné à 80 ans pour le rôle de premier plan qu’il joué dans le meurtre de 1 771 personnes et les déplacements forcés, la famine, les tortures, les violences et les agressions sexuelles systématiques infligés, de manière intentionnelle, aux communautés mayas ixiles du Guatemala, alors qu’il était au pouvoir entre 1982 et 1983.

La Cour a établi que ces crimes avaient été commis conformément à des plans militaires visant à exterminer les personnes perçues comme « ennemies », groupe qui incluait non seulement les guérillas mais aussi les civils de la communauté ixile perçues comme leur soutien. Un collège de trois juges présidé par le juge Jazmin Barrios a conclu que Ríos Montt avait ordonné les plans ayant abouti au génocide, qu’il était parfaitement au courant des atrocités commises et qu’il n’avait rien fait pour les empêcher, bien qu’il en ait eu le pouvoir.

Au total, quelque 200 000 personnes – dont plus de 80 pour cent étaient des indigènes d’origine maya – ont été tuées au cours des 36 ans qu’a duré la guerre. La période au cours de laquelle Ríos Montt était au pouvoir est considérée comme son épisode le plus sanglant. Son co-accusé, l’ancien chef du renseignement militaire José Mauricio Rodríguez Sánchez, a été reconnu non coupable des mêmes chefs d’accusation.

« Malgré tous les obstacles, les interruptions et les nombreux recours juridiques qui ont ralenti le procès, le Guatemala a montré au monde et, plus important encore, à son propre peuple, qu’il est possible de régler la question des crimes passés et de rendre justice », a déclaré la Haut-Commissaire. « Ce verdict historique montre que nul n’est au-dessus des lois et que les institutions du Guatemala ont la force et la solidité nécessaires pour mener cette tâche à bien – si la volonté pour le faire existe. »

Navi Pillay a salué le déroulement sans heurt du procès, en dépit de l’environnement politique tendu dans lequel il a eu lieu. Elle a exhorté les autorités à continuer à fournir une sécurité efficace à toutes les personnes ayant pris part au procès, et notamment aux avocats, procureurs, victimes, témoins et défenseurs des droits de l’homme qui ont été nombreux à faire l’objet de menaces répétées. Elle a aussi appelé au respect du verdict et de la condamnation, et a demandé à ce que l’application régulière de la loi se poursuive.

« Maintenant que les souffrances de tant de personnes ont été formellement reconnues, le Guatemala peut véritablement commencer à panser les plaies héritées du passé », a déclaré Navi Pillay, tout félicitant les juges d’avoir reconnu que « pour que la paix existe, la justice doit d’abord passer. »

« Il y a même cinq ans en arrière rares étaient les personnes à croire un tel verdict possible au Guatemala », a déclaré la Haut-Commissaire. « Ce pays a aujourd’hui montré que la justice pour les crimes internationaux graves peut – et doit – être rendue n’importe où et partout où ils sont commis. Ce procès va encourager toutes les personnes qui luttent partout dans le monde pour que justice soit faite, qu’il s’agisse de crimes commis il y a trente ans ou de crimes récents. C’est pour cette raison que le procès et la condamnation de Ríos Montt ont une immense importance tant sur plan international que national. »

- Pour plus d’informations, veuillez contacter : Rupert Colville : +41 79 506 1088 / rcolville@ohchr.org ou Cécile Pouilly : +41 22 917 9310 / cpouilly@ohchr.org

Pour en savoir plus le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme : http://www.ohchr.org/FR/Pages/WelcomePage.aspx

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