Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques

Espace adhérents

[Oaxaca] Assassinat d’Abraham Hernández Gonzales, membre Comité pour la défense des droits indigènes (CODESI)

publiée le 02/08/2018 par CSIA-Nitassinan

[Oaxaca] : mouvement indigène et rébellion sociale

Répression contre CODEDI - Déclaration de Nodo Solidale

Assassinat du compañero Abraham Hernández Gonzales, membre du Comité pour la défense des droits indigènes

Déclaration de Nodo Solidale

jeudi 26 juillet 2018, par Nodo Solidale

Abraham Hernández Gonzales était un homme de quarante-deux ans qui vivait en travaillant dans un petit hôtel sur la côte Pacifique, à Salchi, près de San Pedro Pochutla, Oaxaca. Là vivent aussi sa femme et ses deux enfants. Sa famille, comme des centaines d’autres dans la région, fait partie du Comité pour la défense des droits indigènes (Codedi), une organisation qui cherche à construire l’autonomie des peuples, défendre le territoire des projets extractivistes capitalistes et résister aux politiques gouvernementales d’appauvrissement et d’anéantissement. Plus précisément, Abraham jouait dans l’organisation le rôle de coordinateur régional à Los Ciruelos.

Le mardi 17 juillet, sa vie a sombré dans la fosse noire et infinie de la guerre au Mexique. Une camionnette et une moto sont arrivées chez lui, des hommes armés, cagoulés et déguisés en soldats l’ont arraché de sa maison et l’ont emmené avec un luxe de violence. Sa fille était présente et a déclenché l’alarme. Un de plus a disparu, dans un pays qui compte déjà plus de 37 000 personnes « avalées dans le néant ». L’organisation a informé le bureau du procureur et les autorités, mais les efforts de recherche des institutions ont été nuls et non avenus. Cinq heures plus tard, le corps d’Abraham a été retrouvé et reconnu par sa propre fille, dans la montagne, près de sa communauté. Ils l’ont exécuté d’un coup de grâce.

C’est le quatrième compañero du Codedi qui tombe sous les balles meurtrières du pouvoir en cinq mois. Le 12 février 2018, deux jeunes et un homme ont été tués dans une embuscade, tous les trois membres de l’organisation revenaient d’une réunion avec des représentants de l’État quand ils ont été abattus. Une fois de plus, nos cœurs éprouvent de la douleur pour une nouvelle blessure qui ne sera jamais guérie devant l’impunité avec laquelle les meurtriers agissent et l’abri qu’ils trouvent grâce aux différents niveaux de gouvernement.

Ça nous fait mal parce que le Codedi est une organisation sœur mais ça fait mal à tout ce pays qui n’arrête pas de saigner. L’enlèvement et l’assassinat d’Abraham doivent être situés dans la vague de violence qui submerge l’État d’Oaxaca, avec 756 assassinats depuis le début 2018 (et 198 féminicides en vingt mois), miroir d’une violence criminelle débridée par le gouvernement fédéral même dans tout le Mexique : en douze ans plus de 220 000 personnes ont été assassinées. L’impunité des gangs criminels est garantie par les mêmes groupes de pouvoir (hommes d’affaires, politiciens et militaires) afin de désintégrer le peuple, ravager les territoires et saisir leurs ressources. Entre les narcotrafiquants, les kidnappeurs, les forces paramilitaires, la police et les forces armées, il existe une alliance pour promouvoir la violence que nécessitent les mégaprojets capitalistes dans la région : dans la zone d’influence du Codedi il y a au moins neuf concessions minières, cinq projets hydroélectriques, tandis que 7,8 % du territoire de l’État est concédé à de grandes entreprises pour l’exploration et l’exploitation des sols et des sous-sols.

Pour autant nous demandons quelle est la relation de ces groupes armés et mafieux locaux avec le gouvernement de Murat sur l’État d’Oaxaca ? Pourquoi la presse profite-t-elle de ces événements pour semer la confusion au détriment d’Abraham Ramírez Vázquez, leader du Codedi menacé de toute part ? Ce n’est pas le fait du hasard : nous accusons le gouvernement d’Alejandro Murat de complicité ou d’omertà.

En mars 2018, une brigade de solidarité internationale, dont nous faisions partie, a signalé plusieurs menaces que subissaient le Codedi et ses membres. Le rapport (en espagnol) de la Brigade internationale de solidarité avec le Codedi est dramatiquement actuel.

Avec la même colère, avec la même détermination, avec les larmes aux yeux et la machette à la main, nous continuerons à semer un meilleur avenir pour nos enfants dans l’organisation des peuples, pas à pas avec le Codedi et avec les organisations sœurs de l’Alliance magoniste zapatiste (AMZ).

Ignacio vit ! Luis Angel vit ! Alejandro vit ! Abraham vit !

19 juillet 2018. Nodo Solidale

Source (espagnol) : La Pirata

publié par la voie du jaguar

- Dernieres nouvelles en espagnol :

CODEDI CONFORMA POLICÍA COMUNITARIA

Continúa el asedio militar a CODEDI, instalan retén en Xanica Miahuatlan

Entretien radio avec un porte-parole de CODEDI au sujet de l’assassinat, des projets capitalistes dans la région et de la formation d’une "police communautaire"

- Voir aussi le documentaire « Una piedra en el zapato » :

http://cspcl.ouvaton.org/spip.php?article1381