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Harold Frazier : le Président Trump lance une nouvelle pique raciste aux personnes autochtones

publiée le 15/01/2019 par CSIA-Nitassinan

Harold Frazier : le Président Trump lance une nouvelle pique raciste aux personnes autochtones.

Lundi 14 janvier 2019

Déclaration à propos des commentaires du Président des Etats-Unis, par Harold Frazier, Président, Tribu Sioux Cheyenne River
@CRSTChairman

Le Président des Etats-Unis a décidé de faire des commentaires au sujet de Pocahontas, « Big Horn » et « Wounded Knee » au cours d’une tentative de dénigrement de quelqu’un d’autre. Je te demande à toi, Amérique, quand vas-tu retrouvez la raison au sujet de ce président ? Dire que le tweet du Président des Etats-Unis était irréfléchi serait te donner trop de crédit. Je crois qu’il a prémédité ce tweet, ce qui est évident dans la mesure où il a encore une fois lancé une pique raciste, et ce faisant, évoquer Pocahontas. Pocahontas n’était qu’une enfant quand elle est devenue victime de viol, d’enlèvement, d’emprisonnement, et fut convertie de force au christianisme. Ce qui est arrivé à Pocahontas arrive encore à nos femmes aujourd’hui. Les femmes autochtones continuent à êtres victimes de viol et d’exploitation par les hommes blancs. Le Président des Etats-Unis met en pratique cela en exploitant les femmes autochtones comme insultes du machisme politique. Pocahontas est chérie des personnes autochtones et est reconnue comme victime du colonialisme européen. Utiliser son nom de cette manière est répugnant et reflète l’ignorance du Président des Etats-Unis.

Le Massacre de Wounded Knee est un moment tragique pour le peuple Lakota. C’est un accident au cours duquel des soldats des Etats-Unis ont traqué et massacré des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants Lakota en plein milieu de l’hiver. Le 28 décembre notre tribu a observé une journée de deuil commémorant nos parents tués des mains des Etats-Unis. Il y a juste deux semaines de cela ! Cela vient du même genre de personnes qui nous dira de « passer à autre chose » deux secondes plus tard. Bien sûr, Wounded Knee s’est produit quand un Républicain était président des Etats-Unis. Pour le Président des Etats-Unis, Wounded Knee doit juste être une référence de la culture populaire, une phrase qu’il utilise avec désinvolture et rapidité chaque fois qu’un sujet autochtone fait surface ; mais pour nous, Wounded Knee est une réalité qu’il ne comprendra jamais. Non seulement il s’agit là d’un des charniers les plus importants aux Etats-Unis, mais c’est un rappel de ce que le gouvernement, dont il a la charge, est capable et continue de faire aux personnes autochtones aux Etats-Unis et à travers le monde. Wounded Knee est l’extinction de lignées de familles, le meurtre de masse d’enfants et de personnes âgées, et la somme de la haine, du fanatisme et du racisme. Mais Wounded Knee est aussi quelque chose qu’il a clairement raté – c’est un rappel que nous sommes toujours là. Comme les Takini (survivants) de Wounded Knee l’ont fait, nous continuous à nous battre pour le droit que nous avons hérité de vivre dans un monde qui a rapidement oublié ce qu’être humain veut dire.

J’aimerais apprendre au Président des Etats-Unis que la chaîne de montagnes Big Horn a été le lieu de guerres nombreuses, lieu que les Etats-Unis ont franchi sans droits de façon répétée, et l’endroit où ils ont subi de nombreuses défaites militaires. Le peuple Lakota, aux côtés de nos alliés Arapahoe et Cheyenne, a vaincu Fetterman en un combat et Custer au cours d’une nouvelle bataille. C’était une période sombre de notre histoire commune qu’il est préférable de laisser de côté en mémoire respectueuse des sacrifices de nos guerriers engagés dans l’assurance de notre survie. Je vous rappellerai que nous avons des traités qui nécessitent d’être honorés en tant que fruits de vos défaites militaires. Le Président des Etats-Unis a une nouvelle fois utilisé le racisme et l’ignorance pour attaquer les autochtones de cette terre. Je ne garderai pas le silence quand le peuple Lakota et nos réussites sont instrumentalisés de cette façon.

Harold Frazier honore son troisième mandat en tant que Président de la Tribu Sioux Cheyenne River, dans le Dakota du Sud. Il a aussi été président de l’Association des Présidents Tribaux des Grandes Plaines. Il a auparavant été vice-président de sa tribu et vice-président de secteur au National Congress of American Indians.

Traduction : Aurélie Journée-Duez (CSIA-Nitassinan)