publiée le 03/11/2025 par

Communiqué de Puelwillimapu, lof mapuche Pillañ Mawiza, Corcovado, Chubut
Date : 21 octobre 2025
Contexte :
La ministre de la sécurité du gouvernement Milei, Patricia Bullrich, mène une croisade contre le peuple Mapuche. En février, elle a inscrit la Résistance Ancestrale Mapuche (RAM) au registre des organisations terroristes ou liées au terrorisme (RePET), a« lors même que l’existence de cette organisation au-delà de son « membre fondateur » Facundo Jones Huala est incertaine. Ce même mois, elle a perquisitionné des communautés mapuches dont le lof Pillañ Mawiza en les soupçonnant d’être à l’origine des incendies qui ont ravagé la Patagonie, voir le communiqué précédent de Moira Millan, Être femme autochtone au temps de Milei » : https://www.csia-nitassinan.org/spip.php?article1303
Ce mois d’octobre Patricia Bullrich a élargi la résolution pour inscrire d’autres individus et groupes mapuches au RePET. Elle veut traiter toutes les « causes mapuches » dans le cadre de l’antiterrorisme.
- CSIA-Nitassinan
Texte :
Mari mari, kom pu lamngen ka pu peñi, Fey ta taiñ rüf dungun mew.
Récemment nous avons été notifiés de la mesure perverse et criminelle qu’a prise le gouvernement concernant le peuple Mapuche, à travers laquelle il essaye de s’emparer de nos territoires pour y introduire les tentacules extractivistes des entreprises parties prenantes du sionisme international. Pour cela, ils ont inventé le mensonge selon lequel nous sommes terroristes, une aberration instalée par l’appareil propagandaire du ministère de la sécurité financé par le denier public.
Depuis sa naissance l’État Argentin a commis génocide et occupation violente de nos territoires, jamais n’a demandé pardon ou n’a tenté de recoudre la relation avec les Peuples Autochtones. Au contraire, nos demandes telles que le droit au eterritoire, à notre propre système de santé ancestral, à la reconnaissance de l’éducation interculturelle bilingue, à la préservation de la vie des écosystèmes sans extractivisme et sans pollution sont criminalisés et l’État les a regroupées sous l’appellation « conflit mapuche ». À partir de cette dénomination, il criminalise les pu lof (communautés) qui assumons de façon responsable avec les ancêtres et les générations à venir le devoir d’être gardien·ne·s de la mapu.
La vie communautaire mapuche s’est manifestée, millénairement, par des relations harmonieuses avec tous les êtres et cela nous a permis de préserver des écosystèmes sensibles qui à présent sont en danger. C’est cette vie communautaire que le gouvernement qualifie d’association illicite. Cette absurdité constitue un acte non seulement irresponsable mais aussi profondément raciste. La haine déployée dans les politiques judiciaire, législative et sociale du gouvernement vise à endoctriner la caste qui historiquement a bénéficé du génocide. Cet endoctrinement colonial et raciste permet de justifier la persécution, les emprisonnements et les meurtres des membres du peuple Mapuche qui vivent dans les territoires convoités par les entreprises extractivistes telles que Mekorot, entreprise de l’État d’Israël, accusée de crime d’appartheid hydrique en Palestine.
Mekorot a célébré des accords avec tous les gouvernements de la Patagonie, devenant ainsi la principale intéressée dans les expulsions du peuple Mapuche.
Nous endurons une persécution politique avec des caractéristiques comparables aux pratiques des équipes spéciales de la dernière dictature militaire. Nous sommes surveillés par des véhicules sans plaques d’immatriculation ni autres type d’identification, nous voyons aussi quotidiennement des civils postés près de nos domiciles, nous subissons la surveillance de drones sur nos maisons, la surveillance physique de membres de la communauté, la mise sur écoute de nos téléphones, la fermeture de nos comptes d’épargnes, le retrait de programmes sociaux, l’empêchement de recevoir des mandats, persécution et intimidation des membres de nos familles ainsi que de nos réseaux de soutien. Il convient de signaler en particulier les menaces de mort que nous recevons sans cesse, les manoeuvres et procès armés entachés d’irrégularités, le manque de défense juridique, l’exposition publique de nos noms et visages, à partir d’une rhétorique chargée de haine et de diffamation, l’incitation à la violence de l’opinion publique, en conséquence de quoi nous subissons aujourd’hui toutes sortes de harcèlement.
Nous nous demandons si toutes ces actions menées avec l’argent des contribuables ont le soutien de toute la société argentine, ou s’ils ont pris la décision d’instaurer une dictature raciste et de mettre en place un état d’exception contre le peuple mapuche. Est-ce l’indolence qui engendre l’inaction de la société civile face à cette politique de pillage et de criminalité ? Le silence complice du peuple argentin est-il dû à la désinformation et l’ignorance ? Il est vraiment aveugle et ne voit pas la vérité : l’état argentin est en train d’organiser un apartheid en Patagonie contre le peuple mapuche-tehuelche, non seulement il propose de nous expulser, mais son projet de mort est encore plus effrayant.
Où dans l’histoire le peuple argentin voudra-t-il se situer ? Dans celui du bourreau génocidaire ou dans celui des alliances des peuples vers le bien vivre ?
Nous dénonçons au monde le terrorisme d’État, instauré contre nous, si le peuple argentin ne réagit pas à l’escalade de la violence contre tous les peuples autochtones, que l’humanité solidaire et engagée amplifie notre voix et nous aide à garantir notre vie.
Nous n’avons pas peur, nous ne baisserons pas les bras, nous lutterons pour soutenir la vie dans tous ses modes et sous toutes ses formes, à partir de notre feyentun, nous vivrons jusqu’au dernier souffle comme MAPUCHE-TEHUELCHE.
De la Puelwillimapu, pour le territoire, la justice et la liberté
Marici weu !!.
Lof Mapuche Pillañ Mawiza.



