Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques

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[Chiapas] Récapitulation des attaques contre les communautés zapatistes en juillet, août et septembre 2011

publiée le 28/09/2011 par CSIA-Nitassinan

Récapitulation des attaques contre les communautés zapatistes en juillet,
août et septembre 2011.

Ces derniers mois ont vu se multiplier les attaques de groupes
paramilitaires, ou encadrées par des paramilitaires, contre les
communautés zapatistes ou les ejidos membres de La Otra Campaña. Il est
parfois difficile de s’y retrouver, et la lecture des déclarations des
Conseils de bon gouvernement (JBG) n’est guère aisée, à cause du souci
qu’ils ont de donner tous les détails afin de mieux établir leur bon droit
et leur bonne foi. C’est pourquoi il a semblé utile de dresser ce court
récapitulatif. Les dates ne sont pas celles des événements, mais celles où
l’information est apparue. Pour s’y retrouver, il est bon aussi de savoir
qu’au Mexique une municipalité comprend plusieurs villages, et serait plus
proche par la taille de ce qu’est un canton en France. Savoir également
qu’il y a une petite différence légale entre ce qu’on appelle « communauté
 », intégralement régie suivant les préceptes indigènes (c’est le cas en
territoire zapatiste), et l’ejido, communauté dont les terrains peuvent
être vendus depuis une réforme de Salinas de Gortari correspondant à
l’entrée dans l’ALENA.

- Alac Sac jun, 1er juillet. Il s’agit d’une annexe de l’ejido de San
Sebastián Bachajón, commune de Chilón, à une quarantaine de kilomètres au
nord-ouest d’Ocosingo (zone tzeltal). Cet ejido est adhérent à La Otra.
Menace de spoliation violente d’un terrain appartenant à une membre de
l’ejido de la part de l’ancien conseil de l’ejido « officialiste »
(c’est-à-dire de l’un des partis présents aux élections : PRI, PAN, PRD ou
PVEM).

- Communauté de Mártires, 1er juillet. Cette communauté fait partie de la
Commune autonome Lucio Cabañas, caracol de Morelia, dans la jungle
tzeltal. Enlèvement et séquestration fin juin de deux habitants par
l’Orcao, Organisation régionale des caféiculteurs d’Ocosingo, qui
fonctionne de fait comme une organisation paramilitaire sous l’impulsion
de certains de ses dirigeants. C’était la dernière en date d’agressions
déguisées en conflits inter ou intra communautaires.

- Communauté de San Marcos Avilés, 1er juillet. Commune autonome Lucio
Cabañas, caracol de Morelia. Également du harcèlement, des spoliations de
terrains, et des menaces d’expulsion par la force, par des membres des
partis PRI, PRD, et PVEM.

- Communautés de Nuevo Paraíso et Nuevo Rosario, 10 juillet. Appartenant
respectivement aux communes autonomes Francisco Villa et San Manuel,
jungle tzeltal, caracol de La Garrucha. Harcèlement de l’Orcao, spoliation
de terres. Les envahisseurs cultivent à leur profit les terres prises aux
zapatistes. Ils volent des plants de café, des champs de maïs, de canne à
sucre, du bétail, du fil de fer et abattent arbres. D’autres vendent du
gravier extrait illégalement des terres usurpées.

- Ejido de Monte Redondo, 4 août. Ejido qui se trouve sur la commune
officielle de Frontera Comalapa, zone tojolabal. Les victimes, elles, font
partie de la Commune autonome Tierra y Libertad, qui dépend du caracol de
La Realidad. Cette fois encore, derrière les agressions, les partis PAN,
PRD, PRI et PVEM. Spoliation, vol de maïs, de haricots, de fruits et de
café, occupation illégale de terrains, l’un de huit hectares, le second de
trois et le dernier de huit encore. Ces terrains appartiennent à des bases
de soutien zapatistes, qui les ont achetés dans l’ejido en 1972 et les ont
cultivés sans problème jusqu’en 1987. Alors sont apparus de « sérieux
conflits » qui persistent jusqu’à ce jour. L’un des envahisseurs de ces
terrains qui occupait un hectare, l’a vendu sans complexe en mars dernier.
Le 27 juillet, environ 200 personnes, dont les autorités de l’ejido, ont
envahi les terrains des zapatistes, et se sont mis à abattre les plants de
café qui commençaient à donner. La JBG de La Realidad souligne bien : « 
Les personnes sans vergogne qui font de la provocation sont des
ejidatarios possédant plus de quinze hectares chacun, et si quelques-uns
n’en ont plus, c’est qu’ils les ont vendus ».

- San Sebastián Bachajón, 5 août. ejido adhérent à La Otra (cf. supra).
Les cinq ex-prisonniers politiques libérés en juillet ont reçu des menaces
de mort de la part de dirigeants locaux du PVEM. Les autorités locales
avaient prétendu conditionner leur libération au fait qu’ils cèdent leurs
terres dans l’ejido.

- Communauté Patria nueva, 21 août. Fait partie de la Commune autonome
Lucio Cabañas, caracol de Morelia, zone tzeltal. Là encore, agression de
l’Orcao : environ 150 personnes ont envahi et détruit un local qui servait
de cuisine pour les visiteurs et observateurs internationaux. Ils ont
aussi tenté de pénétrer dans une maison en planches qui sert d’école
secondaire autonome, et menacé de la détruire. Le communiqué signale que
l’Orcao menace d’exclure ceux de ses membres qui ne se prêteraient pas aux
provocations anti-zapatistes.

- Ejido de Tila, 24 août. Cas original : l’assemblée de l’ejido de Tila,
commune officielle du même nom, au nord de l’État, dénonce une tentative
d’usurpation de terres principalement orchestrée par le curé du coin, sous
prétexte de pouvoir vendre des terres. L’assemblée de l’ejido, tout en le
déplorant, déclare qu’elle laissera la liberté à ceux qui veulent vendre « 
notre mère la terre », suivant les lois agraires et les traités
internationaux.

- Communauté San Patricio, 14, 17 et 19 septembre. Commune autonome La
Dignidad, caracol Roberto Barrios (commune officielle de Sabanilla, nord
de l’État, zone chol). Cette fois-ci, on voit réapparaître le tristement
célèbre groupe paramilitaire Paz y Justicia, qui a fait des ravages dans
le secteur pendant les dix ans qui ont suivi le soulèvement zapatiste en
1994. La communauté s’est retrouvée assiégée par plus d’une centaine de
paramilitaires, venant des communes de Tila et Sabanilla, qui ont tiré des
coups de feu, bloqué tous les accès, brûlé dix-huit hectares de cultures,
saccagé des champs de maïs, et menacé d’assassiner les zapatistes qui
refuseraient d’abandonner leurs terres. Le lendemain, les envahisseurs ont
reçu des renforts, leur nombre montant à 160. Les zapatistes ont reconnus
comme dirigeants le commandant de la police municipale de Tila, un ancien
commandant de la même, et d’anciens policiers et fonctionnaires municipaux
de Tila et Sabanilla. Selon le Centre des droits de la femme du Chiapas
(Cdmch), cela montre la volonté du PRI et de son allié le PVEM de « 
récupérer par la violence et à tout prix le pouvoir politique dans les
communes et régions habitées par les zapatistes ».

- Communauté Nuevo Purísima, 22 septembre. Commune autonome Francisco Gómez, caracol de La Garrucha, zone tzeltal. Cette fois, l’agression le 18
septembre est le fait de 45 personnes armées de machettes qui se
proclament « indépendantes », et qui sont venues « prendre possession »
d’un terrain de 178 hectares où travaillent les bases de soutien
zapatistes. Les envahisseurs ont été transportés par deux camionnettes de
la mairie (PAN) d’Ocosingo. Le lendemain, une centaine d’autres, des
paramilitaires de Chilón, en ont fait autant sur un terrain de la
communauté de Nuevo Paraíso (cf. ci-dessus). Ceux-ci portaient des armes à
feu. La JBG affirme que c’est l’argent de l’ONU, précisément du Programme
des Nations Unies pour le développement (PNUD), qui sert à armer les
paramilitaires.

On ne l’a pas signalé à chaque fois, puisque c’est toujours le cas, dans
chacune de ces agressions les zapatistes insistent sur la responsabilité
des trois niveaux de gouvernement, celui de la municipalité, celui de
l’État et celui de la Fédération.

25 septembre 2011.
El Viejo.

Le CSIA-NItassinan et le Cspcl remercient El Viejo pour ce travail de synthèse.

http://cspcl.ouvaton.org/article.php3?id_article=863