Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques

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[Guatemala] Ouverture du procès pour génocide et crimes contre l’humanité à l’encontre de l’ancien chef d’État, José Efraín Ríos Montt

publiée le 29/01/2013 par CSIA-Nitassinan

COLLECTIF GUATEMALA

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

29 janvier 2013

Guatemala : Ouverture du premier procès pour génocide en Amérique latine

Le 30 janvier s’ouvrira au Guatemala, pour la première fois dans l’histoire du pays et du continent américain, le procès pour crimes de génocide et crimes contre l’humanité à l’encontre d’un ancien chef d’État, José Efraín Ríos Montt, et du responsable des renseignements militaires, José Mauricio Rodríguez Sánchez. C’est la première fois, dans toute l’histoire du continent, qu’un ancien chef d’État devra répondre de tels crimes devant un tribunal national.

Après avoir essuyé 75 recours et une demande d’amnistie, le juge du tribunal d’instance de Haut Risque de Ciudad de Guatemala, Miguel Ángel Gálvez, a ordonné lundi 28 janvier, l’ouverture du procès public des deux anciens généraux. Efraín Ríos Montt et Mauricio Rodríguez Sánchez seront jugés pour leur responsabilité dans plus de 15 massacres, au cours desquels sont mortes 1 771 personnes, dans les municipalités de Santa María Nebaj, San Gaspar Chajul et San Juan Cotzal, département du Quiché, entre 1982 et 1983.

Ces massacres visaient l’ethnie Maya Ixil. Ils ont été menés par l’armée et les paramilitaires alors contrôlés par Efraín Ríos Montt et Mauricio Rodríguez Sánchez, depuis leur coup d’État du 23 mars 1982. Les massacres systématiques et indiscriminés faisaient partie de la stratégie de « terre brûlée » exécutée par l’armée pour « annihiler l’ennemi interne », justifiée par la lutte idéologique globale contre le communisme.

Efraín Ríos Montt est l’icône de cette répression brutale menée lors du conflit armé qui a fait 200 000 morts ou « disparus forcés », 1 million de déplacés internes, 400 000 réfugiés à l’étranger et rayé quelques 440 villages de la carte entre 1960 et 1996. Son gouvernement de 1982 à 1983 marque les années les plus sanglantes. Pourtant, suite à la signature des Accords de paix en 1996 et pendant plus de 14 ans (de 1998 à 2012), il a continuellement bénéficié d’une immunité garantie par son statut de parlementaire. Pasteur d’une secte évangélique fondamentaliste, il était le leader messianique de la lutte antimarxiste, éternel aspirant à la présidence (comme en 2003 où il a pu se présenter comme candidat).

Selon le Centre d’Action Légale pour les Droits Humains (CALDH), partie civile conjointement à l’Association de victimes pour la Justice et la Réconciliation (AJR), « la résolution présentée aujourd’hui envoie un message d’espoir en la justice à tous ceux qui souffrent toujours des conséquences du conflit armé. C’est aussi un message fort aux auteurs matériels et intellectuels des plus graves crimes, que ne peuvent rester impunis le génocide, les exécutions extra-judiciaires, les disparitions forcées, les violences sexuelles, les tortures et les massacres. Cette décision reconnaît le parcours des milliers de victimes du génocide. Elle rend possible la poursuite du chemin vers la mémoire, la vérité et la justice car elle offre des bases solides à la reconstruction d’un pays plus juste ».

Le Collectif Guatemala, qui accompagne les organisations de la société civile guatémaltèque depuis 1979, se félicite de ce grand pas dans la justice transitionnelle au Guatemala. « La lutte sans relâche des survivant(e)s du conflit, de leur famille et des familles de victimes de poursuivre ce combat vers la reconnaissance de ce qu’ils ont souffert, aidé du travail de longue haleine et semé d’embuches des avocats et fonctionnaires du système judicaire force le respect », exprime Amandine Grandjean, représentante du Collectif Guatemala à Ciudad de Guatemala. « Nous partageons l’espoir levé aujourd’hui et exprimons toute notre solidarité et notre engagement auprès de tous ces gens que nous accompagnons depuis des années dans leur demande de justice et réconciliation ».

Pour plus d’information :

Chronique qui résume les différentes étapes qui ont conduit à cette décision : http://cmiguate.org/2013/01/28/cronica-para-un-juicio-historico-y-necesario/

Photos publiées sur le site d’information Plaza publica : http://www.plazapublica.com.gt/content/el-camino-de-los-generales

Article (en espagnol) d’Acoguate sur la lutte contre l’impunité en 2012 :
http://acoguate.org/2013/01/05/2012-la-lucha-por-la-justicia-y-contra-la-impunidad-2/

Des porte-parole sont disponibles au Guatemala ou à Paris pour répondre aux questions. Pour toute demande, veuillez-vous adresser au Collectif Guatemala.

- Marilyne Griffon, présidente du Collectif Guatemala, 06 29 51 64 25 cguatepresse@gmail.com

- Martin Willaume, coordinateur à Paris du Collectif Guatemala, 01 43 73 49 60 collectifguatemala@gmail.com


Le Collectif Guatemala est une association loi 1901, créée en 1979 par des réfugiés guatémaltèques et des militants français des droits humains. Le principal objectif de l’association est le soutien aux organisations du mouvement social du pays dans leurs efforts pour construire un Etat de Droit. Dans le cadre du projet d’accompagnement international ACOGUATE, le Collectif envoie des volontaires français sur le terrain pour être présents auprès de défenseurs des droits humains menacés.
www.collectifguatemala.org