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Communiqué de presse de Divest Invest Protect en collaboration avec le réseau international Women’s Earth and Climate Action Network (WECAN) / Des Femmes Autochtones déposent plainte auprès de l’OCDE contre le Crédit Suisse pour violation des droits en lien avec le financement des oléoducs

publiée le 05/02/2020 par CSIA-Nitassinan

Communiqué de presse de Divest Invest Protect en collaboration avec le réseau international Women’s Earth and Climate Action Network (WECAN)

Pour diffusion immédiate, le 30 janvier 2020

Contact presse :
Katherine Quaid, WECAN International, katherine@wecaninternational.org

SAN FRANCISCO BAY AREA, Californie (30 janvier 2020) – Divest Invest Protect (DIP), le réseau international Women’s Earth and Climate Action Network (WECAN), et le programme Indigenous Peoples Law and Policy (IPLP) de l’Université d’Arizona, annoncent le dépôt d’une "Instance spécifique" auprès de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) concernant le Crédit Suisse et les impacts négatifs pour les peuples autochtones et l’environnement du financement d’entreprises qui construisent le Dakota Access Pipeline (DAPL) et le Bayou Bridge Pipeline (BBP).

Le dépôt de cette demande par des femmes autochtones, intervient après une période de près de deux ans d’échanges entre WECAN, Divest Invest Protect, et le Crédit Suisse, qui a donné lieu à des lettres, deux entretiens en personne avec des représentants du Crédit Suisse, une correspondance continue pour partager des informations sur les violations et les impacts négatifs, et d’autres documents lors l’assemblée générale annuelle du Crédit Suisse de 2018, à Zurich, en Suisse.

Les femmes autochtones ont maintenu un dialogue de bonne foi avec le Crédit Suisse. Cependant, en raison d’un manque d’action de la part du Crédit Suisse, elles déposent un recours devant une instance spécifique dans l’espoir qu’elle agisse comme un catalyseur d’action en faveur du dialogue civil, de la justice, des recours et de la responsabilité en matière des droits humains.

Alors que le Crédit Suisse a récemment signé les Principes pour une banque responsable, un ensemble de principes qui visent à aligner la stratégie commerciale des institutions financières sur les objectifs de la société, la banque continue à investir massivement dans l’industrie des énergies fossiles, ce qui a un impact négatif sur les droits des peuples autochtones et initie la crise climatique. Depuis la signature de l’Accord de Paris, le Crédit Suisse a dépensé plus de 57 milliards de dollars pour financer le cycle des énergies fossiles, et constitue l’un des dix premiers investisseurs européens dans les énergies fossiles extrêmes.

Les principes directeurs de l’OCDE sont le seul instrument national soutenu par les gouvernements sur le comportement responsable des entreprises, avec un mécanisme de grief intégré, dénommé « Instance spécifique ». Dans le cadre de ce mécanisme, les représentants des états membres de l’OCDE (ou les points de contact nationaux) offrent une plate-forme de médiation et d’engagement compatible avec les politiques de l’OCDE ainsi qu’une assistance aux parties prenantes pour aider à trouver une solution aux problèmes qui découlent du non-respect présumé des Principes directeurs. Récemment, la Société des peuples menacés (STP) et le Crédit Suisse ont conclu un processus de médiation via l’OCDE, conduisant le Crédit Suisse à intégrer la protection des droits des communautés autochtones dans ses lignes directrices internes sur le financement de projets.

Le Divest Invest Protect (DIP) et le réseau international Women’s Earth and Climate Action Network (WECAN) se félicitent de cette victoire partielle, mais s’empressent de mettre en évidence que ce résultat est insuffisant, car la disposition relative aux droits autochtones ne s’applique pas au financement des entreprises – le type de financement que le Crédit Suisse utilise pour financer les entreprises qui ont construit et entretiennent le Dakota Access Pipeline. Une responsabilité pour les droits humains, autochtones et pour la protection de l’environnement à tous les niveaux de décisions financières, y compris le financement des entreprises, doit être reconnue.

Le dépôt de l’Instance spécifique de l’OCDE conçue par les femmes autochtones démontre leur courage et leur détermination à être des actrices et des voix centrales dans l’élaboration de la responsabilité et du changement juridique au sein des banques et des institutions financières pour protéger les droits des peuples autochtones, leurs terres, leur eau, leurs communautés et le climat mondial.

Pour plus d’informations, merci de consulter : https://www.wecaninternational.org/divestment-delegations
Ce dépôt est également soutenu par Indigenous Human Rights Defenders et le programme Corporate Accountability de l’Université d’Arizona et l’International Human Rights Clinic de la Western New England University School of Law.

Les journalistes sont encouragés à poser leurs questions et à demander des interviews à Michelle Cook ou à Osprey Orielle Lake.

« L’instance spécifique de l’OCDE préparée et déposée par des femmes autochtones attirera l’attention sur les échecs structurels de l’industrie financière à adhérer et s’aligner sur les droits humains des peuples autochtones. Nous sommes convaincus que notre dépôt et notre engagement mettront en lumière les dangereuses failles qui permettent aux banques et aux entreprises d’agir dans l’impunité la plus totale sur notre survie culturelle, notre climat et notre avenir. Le secteur financier doit écouter les mouvements des peuples autochtones, et garantir que les droits humains et les droits des peuples autochtones au consentement préalable, libre et éclairé, seront respectés et protégés dans toutes leurs relations commerciales, quelque soit le type de financement ou de produit financier que les banques ont fourni ». Michelle Cook, avocate diné (navajo) en droits humains, fondatrice de « Divest Invest Protect » et co-directrice des délégations de désinvestissement de femmes autochtones.

« Je viens de ma terre. J’aime ma terre et tout ce que je veux faire, c’est la protéger pour mes arrière-petits-enfants, pourquoi est-ce si mal ? Empêchez les entreprises d’énergies fossiles de détruire la terre et l’eau maintenant, Mni Wiconi ». LaDonna Brave Bull Allard, Ta Maka Waste Win-Her Good Earth Woman, est une historienne lakota, généalogiste et protectrice de l’eau, membre des Sioux de Standing Rock.

« Je suis descendante de la lignée de Sitting Bull. En 2014, avant la construction du Dakota Access Pipeline (DAPL), notre conseil tribal a informé la société qui voulait construire le DAPL qu’il ne pouvait et ne voulait pas consentir à la construction de cet oléoduc. Le danger était trop proche et une fuite de pétrole serait désastreux pour nos huit communautés à Standing Rock. Nous avons immédiatement lancé un appel mondial. Nous avons demandé aux gens de venir et de se tenir à nos côtés. Pendant près de sept mois, ma famille et moi avons campé le long de Cannonball River avec des milliers d’autres personnes qui étaient venues nous soutenir. Pendant cette période, mes quatre enfants et moi avons été les témoins directs des violations extrêmes et brutales des droits humains qui ont commises contre notre peuple et d’autres personnes sur nos terres natales. Ces violations de droits humains comprenaient : l’utilisation de chiens d’attaque par des compagnies de sécurité privée sur des personnes non-armées (dont moi-même), la terreur des avions volant à basse altitude qui encerclaient nos camps 24h/24h, et le fait que les forces de l’ordre tiraient sur nos chevaux ou sur les gens. Mon gouvernement tribal a explicitement refusé le DAPL. Il n’y avait pas de consentement libre, préalable et éclairé comme l’exige le droit international conformément à la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones. Il est temps que les décideurs, les responsables gouvernementaux et les institutions financières, soient tenus pour responsables. Il est temps qu’ils répondent aux gens de ma communauté, ceux-là mêmes qui sont touchés par leur financement du DAPL ». Wašté Wi Yellow Lodge-Young, Lakota/Dakota, Standing Rock Nation.

« Dans la poursuite de la justice et de l’atténuation du changement climatique, WECAN International appelle les institutions financières engagées dans des projets d’extraction et de développement d’énergies fossiles à cesser leurs activités habituelles, étant donné les violations flagrantes dont sont victimes les peuples autochtones et leurs terres, alors que nous sommes confrontés au défi sans précédent d’un monde plongé dans le chaos climatique. Le Crédit Suisse doit écouter les femmes autochtones et adhérer à leurs demandes, qui sont fondées sur le respect fondamental du principe du consentement préalable, libre et éclairé (FPIC) des communautés autochtones, comme l’exige le droit international. Il est grand temps que les institutions financières soient tenues pour responsables du financement des projets et des entreprises, et la demande de l’OCDE est une contribution essentielle à la lutte mondiale actuelle pour le respect du FPIC, et pour l’abandon des énergies fossiles. Il est temps que les banques s’orientent vers un avenir plus juste et durable pour tous, où les droits des peuples autochtones sont respectés et où nous protégeons notre climat et nos communautés ». Osprey Orielle Lake, directrice exécutive de Women’s Earth and Climate Action Network (WECAN) et co-directrice des délégations de désinvestissement des femmes autochtones.

Women’s Earth and Climate Action Network (WECAN) International
www.wecaninternational.org - @WECAN_INTL
 
Le réseau international Women’s Earth and Climate Action Network (WECAN) est une association fondée en vertu de l’article 501(c)3, crée pour que les femmes du monde entier s’impliquent dans la défense de politiques, des projets sur le terrain, de l’action directe, des formations et la création de mouvements pour la justice climatique mondiale.

Traduction : Aurélie Journée-Duez (CSIA-Nitassinan)