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Nouvelle victoire des peuples autochtones contre l’extractivisme / Un juge américain annule le permis de construction de l’oléoduc Keystone XL venant du Canada

publiée le 20/04/2020 par CSIA-Nitassinan

Un juge américain annule le permis de construction de l’oléoduc Keystone XL venant du Canada
Par Matthew Brown
Le 16 avril 2020

BILLINGS, Montana (AP) - Un juge américain a annulé mercredi un permis clé pour l’oléoduc Keystone XL qui devrait s’étendre du Canada au Nebraska, un autre revers pour le projet contesté qui a démarré il y a moins de deux semaines après des années de retard.
Le juge Brian Morris a déclaré que le Corps des ingénieurs de l’armée américaine n’avait pas suffisamment pris en compte les effets sur les espèces menacées telles que l’esturgeon pâle, un poisson gigantesque ressemblant à un dinosaure qui vit dans les rivières que l’oléoduc traverserait.
La décision, cependant, n’arrête pas les travaux qui ont commencé au poste frontière entre les États-Unis et le Canada dans le Montana, selon les avocats de l’affaire. La compagnie TC Energy aura besoin du permis pour les futures constructions à travers des centaines de rivières et de ruisseaux le long du parcours de 1 930 kilomètres de Keystone.
"Cela crée un autre obstacle important pour le projet", a déclaré Anthony Swift du Natural Resources Defense Council, l’un des groupes ayant contesté le permis.

"Peu importe qu’ils aient le segment transfrontalier ou non ... Keystone XL a pratiquement perdu tous ses permis eu égard à la loi sur l’eau propre pour les structures traversant des cours d’eau", a-t-il déclaré.
TC Energy était en train de revoir la décision mais est resté "déterminé à construire cet important projet d’infrastructure énergétique", a déclaré son porte-parole Terry Cunha.
Les responsables du Corps des ingénieurs de l’armée n’ont pas eu de réponse immédiate à cette décision.
L’autorisation de Keystone a été délivrée par le Corps en 2017, dans le cadre d’un permis national, donnant essentiellement une approbation générale aux projets d’oléoducs ou de services publics similaires avec des effets minimaux sur les voies navigables.
L’annulation pourrait avoir des implications plus larges car elle semble invalider les travaux de dragage pour tout projet autorisé par le permis de 2017, a déclaré l’avocat Jared Margolis du Centre pour la diversité biologique, autre plaignant dans cette affaire. Un manque de clarté demeure sur les projets qui pourraient être inclus.
Une audience (du juge) Morris se tiendra au tribunal jeudi sur deux autres poursuites contre l’oléoduc de 8 milliards de dollars. Les tribus autochtones et les groupes environnementaux attendent de lui l’arrêt de la construction à la frontière alors qu’un procès contestant son approbation par le président Donald Trump l’année dernière se déroule devant les tribunaux.
L’oléoduc a été proposé en 2008 et transporterait jusqu’à 830 000 barils (35 millions de gallons) de pétrole brut par jour jusqu’au Nebraska, où il serait transféré vers un autre oléoduc de TC Energy pour être expédié vers les raffineries et les terminaux d’exportation du Golfe du Mexique.
Le projet a été rejeté à deux reprises sous l’administration Obama en raison des risques d’aggravation du changement climatique qu’il comporte, puis Trump l’a relancé.

L’annonce surprise de TC Energy, le 31 mars, de son intention de commencer la construction dans un contexte de crise économique mondiale causée par la pandémie de coronavirus est intervenue après que le gouvernement provincial de l’Alberta ait investi 1,1 milliard de dollars pour relancer les travaux.
Les chefs tribaux et certains habitants des communautés rurales situées le long du tracé de l’oléoduc craignent que les milliers de travailleurs nécessaires au projet ne propagent le virus.
Pas moins de 11 camps de construction, dont certains abritent jusqu’à 1 000 personnes, ont été initialement prévus pour le projet. Selon TC Energy, ces projets sont en cours d’examen dans le contexte de la pandémie et ne seront pas nécessaires avant la fin de l’été.
Les travaux sur deux camps, dans le Montana et le Dakota du Sud, pourraient commencer dès ce mois-ci, selon les documents déposés par la société au tribunal cette semaine.

Sur cette photo datée du 29 octobre 2019, les opposants à l’oléoduc Keystone XL en provenance du Canada manifestent sous des températures inférieures à 0°C à Billings, dans le Montana. L’Alberta investit 1,1 milliard de dollars dans l’oléoduc Keystone XL, un projet que le Premier Ministre de l’Alberta, Jason Kenney, juge crucial pour l’économie de la province. (AP Photo/Matthew Brown, Dossier).

Cette photo du 3 novembre 2015 montre la station de pompage de Keystone Steele City, à laquelle l’oléoduc Keystone XL doit être raccordé, à Steele City, dans le Neb. La compagnie TC Energy déclare avoir commencé les travaux préliminaires le long de son parcours à travers les États-Unis, alors que les opposants attendent qu’un juge se prononce sur leur demande de blocage du projet. (AP Photo/Nati Harnik, Dossier).

Sur cette photo du 7 août 2019, le gouvernement du Montana Steve Bullock s’exprime au National Press Club à Washington. Les grands projets de construction en cours le long de la frontière américaine avec le Canada et le Mexique dans le contexte de la pandémie de coronavirus font craindre que les travailleurs ne propagent des maladies aux communautés avoisinantes, y compris plusieurs tribus amérindiennes. Selon M. Bullock, cela pourrait mettre à rude épreuve les systèmes de santé ruraux confrontés au coronavirus. (AP Photo/Patrick Semansky, Dossier).

Source : https://apnews.com/89e3f21d344db86b8743665ea66b892c?fbclid=IwAR1iQyJDz1NC3nVAIODtUUACTYrnw-j7kq2NEFLhw7y_tEbBgxF126ggoFw

Traduction : Aurélie Journée-Duez (CSIA-Nitassinan)