Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques

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[Chiapas] Contre l’oubli : rompre l’isolement de Alberto Patishtan Gomez !

publiée le 25/12/2011 par CSIA-Nitassinan

Le 20 Octobre 2011, Alberto Patishtan Gomez, porte-parole des prisonniers indigènes qui étaient en grève de la faim depuis le 29 septembre, a été transféré de force vers une prison de haute sécurité à plus de 2000 km du Chiapas, où réside sa famille, ses amis et ses compagnons de lutte. Une prison de haute sécurité c’est 23h/24h en cellule, une visite d’une personne de la famille directe tous les 3 mois, et 10 minutes de téléphone par mois. Le premier contact direct avec lui n’a pu être effectué que le 8 novembre, où sa fille qui lui a rendu visite a fait part de ses conditions de détention et a dénoncé le fait que l’administration pénitentiaire lui ait retiré ses médicaments pour son glaucome.

Pour rompre l’isolement, par lequel l’Etat Mexicain veut le détruire, vous pouvez écrire à Alberto à cette adresse (un timbre pour le Mexique vous coûtera moins de 1 euros) :

Alberto Patishtan Gómez
Expediente No. 384
CEFERESO No. 8 Norponiente
Calle 300 kilómetro 3.5 entre canal 25 y 27
Predio Jesús María, Ejido La Chuparrosa
Municipio de Guasave, Sinaloa
C.P. 81162
MEXIQUE


Gaby, la fille de Patishtan, nous raconte le transfert de prison de son père.

Voici la transcription de l’audio par téléphone.

Cette semaine une commission s’est formée pour aller visiter mon père, nous sommes partis lundi matin et nous avons pu arriver le mercredi à Guasave, là où mon père est emprisonné. Cette prison est encore en construction, nous avons pris quelques photos que nous vous montrerons plus tard. Nous avons parlé avec l’assistante sociale et nous lui avons remis les documents nécessaire pour les visites, car il faut faire beaucoup de démarches administratives et la réponse peut attendre 15 jours. Mais en tant que membre de la famille directe, nous avons le droit de rendre une visite provisoire au prisonnier, c’est à dire une visite où l’on voit le prisonnier à travers un guichet – vitré. Donc, après avoir attendu 4 ou 5 heures, ils m’ont donné 20 minutes pour voir mon père à l’intérieur de la prison.

Une fois à l’intérieur, ils m’ont fouillée partout -comme ils ont l’habitude de faire, seulement ici c’est plus compliqué de passer – alors j’ai pu voir mon père, mais malheureusement, je n’ai pas pu le prendre dans mes bras comme je le voulais, je pouvais seulement le voir à travers un vitre que nous séparait – comme on voit dans les prisons américaines, ici dans cette prison, c’est un peu pareil – alors il m’a raconté comment s’est passé son transfert de prison , comment est-ce qu’il a été pris par les autorités, comment il a été trompé par le directeur de la prison numéro 5, qui, pour l’isoler, lui a dit que les autorités du gouvernement l’attendaient dehors, alors mon père les a suivis et à ce moment là, le directeur a dit aux gardiens emmenez-le, et mon père n’a pas pu se défendre ni communiquer avec personne, ensuite il est passé par différentes prisons et finalement, il est parti par l’aéroport de Tapachula au Chiapas, de là il a été ramené ici à Guasave, Sinaloa.

Je veux aussi rappeler que mon père est malade des yeux, il a un glaucome. Pour soigner sa maladie, là-bas au Chiapas il suivait au moins un traitement qui stabilisait et contrôlait la maladie, puisque malheureusement cette maladie ne disparaît jamais. Mais au moins avec un traitement adapté on pouvait la réguler, mais étant donnée la situation, là où mon père se trouve, ils ont suspendu le traitement. D’après ce qu’il m’a dit, ils ont commencé à lui donner des gouttes pour les yeux mais ce médicament là n’a rien à voir avec sa maladie et ils continuent malgré ça à le lui donner, actuellement mon père me dit que sa vision continue à se dégrader et il est de plus en plus gêné.

Mon père m’a demandé de communiquer tout ceci aux personnes et aux médias de communication pour qu’ils se rendent compte et fassent quelque chose pour que mon père reçoive les soins adaptés. Et il m’a remerciée et il m’a demandé de remercier les organisations qui l’ont accompagné et vraiment, lui il garde espoir, il croit beaucoup qu’il va se passer des choses et en fait il a confiance en son innocence et aussi il fait confiance aux compagnons qui demandent sa liberté, et ce fut tout parce que j’ai eu très peu de temps pour parler avec lui.

Transcription -Audio du 11 novembre

Pour plus d’informations :

* Chiapas : histoires de prison, organisations, luttes …

http://liberonsles.wordpress.com/prisonniers-de-la-voix-de-lamate-chiapas/

*Communiqués des prisonniers et prisonnières sur :

http://liberonsles.wordpress.com/infos-et-communiques/

Sources : Les Trois Passants