Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques

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Revue Différences - LEONARD PELTIER, UN DES PLUS ANCIENS PRISONNIERS POLITIQUES AU MONDE, EST EN DANGER !

publiée le 12/03/2012 par CSIA-Nitassinan

Article paru dans la revue « Différences N°280/281 » - 4e trimestre 2011 / 1er trimestre 2012

USA – Peuples amérindiens

LEONARD PELTIER, UN DES PLUS ANCIENS PRISONNIERS POLITIQUES AU MONDE, EST EN DANGER !

« Je n’ai pas de présent
Je n’ai qu’un passé
et, peut-être, un futur.
On m’a pris mon présent »
Leonard Peltier

Leonard Peltier, Indien Anishinabe/Lakota-Sioux, est incarcéré depuis 1976 aux USA pour un crime qu’il n’a pas commis. Amnesty International le considère comme un prisonnier politique, qui "devrait être libéré immédiatement et sans condition". Il est une des victimes de la guerre cachée menée par le gouvernement américain et le FBI contre l’American Indian Movement (Mouvement Indien Américain - AIM), un mouvement militant amérindien, inspiré par les pratiques des Black Panthers.

Au début des années 1970, le FBI utilisant son programme de contre-espionnage interne (le COINTELPRO) entreprend de déstabiliser et neutraliser l’AIM, dont Leonard Peltier est l’un des dirigeants. Le 26 juin 1975, une fusillade éclate, après l’intrusion illégale de deux agents du FBI, sur une propriété de la réserve de Pine Ridge (Sud Dakota), où se trouve un campement de l’AIM. Les deux agents ainsi qu’un jeune amérindien membre de l’AIM trouvent la mort. Leonard Peltier est arrêté, inculpé des meurtres des agents et condamné à deux peines de prison à perpétuité alors qu’il n’existe aucune preuve de sa culpabilité. Depuis 1976, Leonard Peltier clame son innocence. En 1981, grâce à la Loi de Liberté d’Information, sur des centaines de milliers de pages sur l’affaire détenues par le FBI, ses avocats en obtiennent la déclassification de 12000 pages. Dans ces documents se trouvent de nombreuses preuves de malversations du FBI dont un rapport balistique stipulant noir sur blanc que l’arme attribuée à Leonard Peltier n’est pas l’arme du crime. A la vue, de ces nouveaux éléments, un demande pour l’obtention d’un nouveau procès est déposée. Le gouvernement américain, par la voix de son procureur, reconnaît alors qu’il "ne peut pas prouver qui, en particulier, a tué les agents." Malgré cela, à cause d’une "technicité judiciaire", la demande d’un nouveau procès est rejetée par plusieurs Cours d’appel successives.

Leonard Peltier est devenu le symbole de la résistance des peuples indigènes au niveau international. Il est soutenu par Nelson Mandela, Desmond Tutu, Rigoberta Menchù, Robert Redford, le Sous-commandant Marcos, Madame Danièle Mitterrand, le Parlement Européen et par plusieurs millions de personnes à travers le monde.

Aujourd’hui le calvaire de Leonard Peltier s’intensifie. En juin dernier, alors incarcéré dans la prison fédérale de Lewisburg en Pennsylvanie, il a été mis à l’isolement carcéral sans raisons majeures. Âgé de 65 ans, ayant passé plus de la moitié de sa vie en prison et souffrant de problèmes de santé importants (diabète, insuffisance cardiaque, problèmes de vision et à la mâchoire…), Leonard Peltier est en danger, selon ses proches et son équipe légale. Tout l’été dernier, il a été enfermé 23h sur 24. La température dans sa cellule (où la fenêtre ne pouvait pas s’ouvrir) a varié de 38 à 40 degrés, poussant tous les prisonniers mis en isolement à dormir par terre, la tête contre le sol, afin d’essayer de trouver une peu de fraîcheur. Un prisonnier, incarcéré dans les mêmes conditions, a tenté de se suicider pendant les mois les plus chauds de l’été. Cette situation peut être considérée comme un traitement cruel, inhumain ou dégradant, interdit par l’article 5 de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

A la fin de son isolement carcéral, Leonard Peltier a été transféré le 15 septembre dernier, dans le secret le plus total, au pénitencier fédéral de Coleman en Floride (à 3300km de sa réserve, de sa famille, de son équipe légale et de son comité de défense, le Leonard Peltier Defense/Offense Committee - LPDOC).

Dans cette prison, les guerres de gangs font rage (en mars dernier, toute la section de « Coleman 1 » a été mise en isolement complet à cause d’une bagarre dans la entre différents gangs. Cette dernière n’avait cessé qu’après des tirs à balles réelles des gardes en faction sur les prisonniers présents dans la Cour de promenade). Ce pénitencier est aussi connu pour le cas d’Erin Sharma, une gardienne de la prison qui a été condamnée en 2009 à perpétuité pour avoir organisé le tabassage à mort d’un prisonnier avec lequel elle avait eu un différend.

Afin de briser le silence autour de la situation actuelle de Leonard Peltier, son Comité de défense lance une nouvelle campagne internationale (récolte de dons pour soutenir l’équipe légale, une marche pour la justice qui traversera les Etats-Unis d’Ouest en Est et qui devrait se terminer devant la Maison Blanche à Washington DC, une nouvelle demande de grâce présidentielle…). En janvier 2001, le président Bill Clinton, cédant à la pression du FBI, n’avait pas eu le courage politique de rendre la liberté à Leonard Peltier, en évitant de lui accorder une grâce le dernier jour de son mandat. Espérons que le Président Obama, qui a aujourd’hui tous les pouvoirs pour réparer les erreurs commises par le gouvernement américain par le passé contre les peuples amérindiens, aura lui ce courage politique. La libération de Leonard Peltier serait un pas important vers la justice, la réconciliation, l’amitié entre les peuples et un message fort pour la reconnaissance des peuples amérindiens et de leur histoire passée et présente au sein de la société américaine.

Comme le disait Martin Luther King : « une injustice quelque part dans le monde est une menace pour la justice où quelle soit. ». Il est temps d’obtenir justice et liberté pour Leonard Peltier.

Sylvain DUEZ-ALESANDRINI
Membre du Comité de solidarité avec les Indiens des Amérique (CSIA-Nitassinan) et coordinateur en France du Groupe de soutien à Leonard Peltier (LPSG)


ACTION

Pour de plus amples informations sur le cas Peltier, pour rejoindre son comité de soutien ou faire un don à la campagne aux USA (chèque à l’ordre du « CSIA », mention « Peltier » au dos), vous pouvez contacter :

Groupe de soutien à Leonard Peltier
c/o Comité de soutien aux Indiens des Amériques, 21ter rue Voltaire, 75011 Paris
Téléphone : 0143730580 – Email : freepeltier@no-log.org
http://www.csia-nitassinan.org/spip.php?rubrique3

Site du LPDOC – aux USA (en anglais) : www.whoisleonardpeltier.info

Vous pouvez également venir chaque mercredi, de 18h à 20h, au rassemblement de soutien à Mumia Abu-Jamal et Leonard Peltier, ainsi que pour l’abolition de la peine de mort, devant le Consulat des États-Unis, place de la Concorde (angle rue de Rivoli/Jardin des Tuileries), à Paris.

Pour en savoir plus sur le cas Peltier : lisez « Écrits de Prison— Le combat d’un Indien », de Leonard Peltier, Éditions Albin Michel — 14,50 Euros


in « Différences N°280/281 » - 4e trimestre 2011 / 1er trimestre 2012