Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques

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[Guerrero] Peuple tlapanèque - LES GARDIENS DE LA MONTAGNE CONTRE LES COMPAGNIES MINIÈRES (Première partie)

publiée le 03/05/2012 par CSIA-Nitassinan

Le cerro Bermejal est sur le point de disparaître, tandis que le cerro
Luna et le cerro Borracho risquent de pâtir du même destin. Cela, parce
que des compagnies minières accumulent déjà près de sept cents concessions
pour extraire de l’or et de l’argent de la région de la Montaña de l’État
du Guerrero, où vivent des espèces en danger d’extinction comme le cerf à
queue blanche et le jaguar. La Police communautaire et les militants
sociaux préviennent qu’ils ne permettront pas qu’on exploite leurs terres.

Ici, les monts portent des noms. Et ils sont sacrés. Toutes les fins
d’année, la population de 2 800 habitants grimpe au sommet du cerro Luna
et offre des fleurs et des bougies pour demander l’abondance pendant le
cycle suivant. À présent, le mont court le risque d’être extirpé du
paysage. Dans ses entrailles, il recèle les trésors que la compagnie
minière anglaise Hochschild veut extraire : or, argent, cuivre, fer, zinc
et plomb. Hochschild a l’intention de le dynamiter pour extraire les
minerais de ses restes pierreux, au moyen d’un procédé réalisé à l’air
libre appelé "à ciel ouvert", dans lequel elle utiliserait des millions de
mètres cubes d’eau et des tonnes de cyanure. L’éminence couverte de pins
veille sur la petite communauté de Tierra Colorada, qui doit son nom à la
coloration de son sol fertile dans la région haute de La Montaña du
Guerrero.

Le peuple tlapanèque s’est déjà mobilisé pour sa défense. Un trentenaire
brun et robuste, du nom de Federico Isidro Solano, se plante sur un balcon
du village avec le cerro Luna en toile de fond, et prévient : "La
communauté ne cèdera pas un centimètre pour l’exploitation minière."

À quelques mètres du secrétaire du commissariat aux biens communaux se
trouve une esplanade où une vingtaine d’adolescents et d’enfants répètent
la danse traditionnelle des Douze Pairs de France, accompagnés par la
fanfare du village. L’épopée de Charlemagne contre les musulmans médiévaux
est mise en scène lors de la Semaine sainte. Un ancien au corps fragile
guide la répétition. Il est vêtu d’un poncho blanc, de sandales et porte
un chapeau de palme. Ses mouvements sont élégants et fermes. Son attitude,
fière. Le maître Ángel Oropeza Molinar est respecté dans le village. À son
signal, la fanfare arrête de jouer, et les chrétiens et maures cessent
leur escrime d’épées de bois. Le maître indique alors à un gamin de treize
ans comment il doit se battre avec panache contre son ennemi.

Quand le duel est fini, Solano en profite pour me présenter au maître. Je
l’interroge sur l’arrivée de Hochschild dans la région. Il accepte la
brève interruption, et les deux camps, sans distinction, nous entourent,
curieux. "Ça peut finir dans le sang, c’est sûr. Combien de martyrs il
peut y
avoir ? Je sais pas. Mais même avec des pierres, ou avec une fronde comme
celle du roi David, on va pas se laisser faire !" D’un geste, le maître
met fin à la conversation et reporte son attention vers l’un des garçons.
Un autre d’entre eux, grand et décidé, du nom de Constantino, manifeste :
"On fera ce qu’il faudra faire, tout simplement, il n’y a rien de plus à
dire."

La représentation de la danse a une durée de douze heures. "C’est une
grande guerre, très grande", avait réussi à m’expliquer Constantino avant
d’assumer son rôle d’amiral musulman. Dans l’œuvre, les chrétiens
vainquent les maures. À son avis, le bien triomphe contre le mal. L’autre
guerre qu’on affronte à Tierra Colorada est de plus grandes proportions,
car Hochschild, qui a d’autres mines au Mexique, au Pérou et en Argentine,
a obtenu une concession fédérale pour cinquante ans. Le drame de Tierra
Colorada se multiplie au Mexique et en Amérique latine : des populations
rurales et indigènes (comme les Huicholes de San Luis Potosí et les
Ngobe-Buglé au Panama) luttent contre des multinationales minières et des
gouvernements pour la défense de leurs territoires. Les méga-minières
cherchent tout particulièrement l’or et l’argent à des coûts
inimaginables : d’une tonne de mont désintégré, elles extraient une
moyenne de 0,5 à 1 gramme d’or. Gian Carlo Delgado, coordinateur du livre
"Écologie politique de l’extraction minière en Amérique latine", dit que
le résultat que laisse celle-ci est "un pillage profond, pratiquement
aucun bénéfice socio-économique pour les communautés, et une dévastation
environnementale globale croissante".

Ici, cependant, dans La Montaña, considérée comme l’une des régions les
plus exclues d’Amérique latine, il y a un ingrédient de résistance qui
n’existe pas ailleurs : Tierra Colorada, avec soixante-quinze autres
communautés tlapanèques, mixtèques et nahuas dispersées dans la montagne
et la Costa Chica, forment la structure de la Police communautaire. Il
s’agit d’un réseau de six cents indigènes armés par leurs villages pour
qu’ils veillent sur eux. Ils font des rondes à travers un enchevêtrement
de sentiers mal en point qui traversent la monumentale forêt de nuages
[1], quelques-uns au bord de précipices. Cette expérience autonome de
sécurité et de rendu de la justice est née il y a dix-sept ans, parce que
ces populations étaient victimes d’une série d’assassinats, de viols et de
vols, sans que la police de l’État se manifeste. Parmi les succès que
revendique ce réseau indigène, il y a la réduction drastique de la
violence dans la zone et le fait de ne pas maltraiter les gens arrêtés et
de les faire travailler sur des chantiers de construction locaux, comme
partie de leur sentence. Les gouvernements de l’État et de la Fédération
n’ont pas voulu légaliser son action et ont prétendu, sans succès, le
désarmer à plusieurs occasions. Mais l’expérience se consolide et s’étend.
Et à présent, les policiers communautaires s’assument en tant que gardiens
de leurs montagnes.

Depuis plus d’un an, la Coordination régionale des autorités
communautaires (CRAC), instance d’administration de la justice à laquelle
appartient la Police communautaire, s’organise avec le soutien du Centre
de droits humains de La Montaña Tlachinollan pour affronter cinq projets
miniers dans La Montaña et la Costa Chica : Hochschild est à la tête de
Corazón de Tinieblas, qui comprend Tierra Colorada, et d’un autre
limitrophe à Zapotitlán de las Tablas ; la compagnie canadienne Camsin
dirige ceux de La Diana et San Javier, et la mexicaine Goliat en gère un,
appelé La Faraona/Goliat. La somme des cinq engloberait une surface
approchée de 1 272 kilomètres carrés, une extension voisine de la
superficie de la ville de Mexico, qui est de 1 495 kilomètres carrés. Le
conseiller juridique de la CRAC, Valentín Hernández, dit que le
gouvernement fédéral n’a pas respecté la Convention 169 de l’Organisation
internationale du travail (OIT) qui exprime le droit des communautés
indigènes à être consultées sur les décisions qui les affectent : "Il n’y
a pas eu de négociation, on n’a pas consulté les villages au moment
d’octroyer les concessions aux compagnies minières."

Le chercheur Carlos Rodríguez Wallenius, de l’Université autonome
métropolitaine (UAM), estime que le gouvernement fédéral a déjà donné en
concession aux compagnies minières pour des phases d’exploration et
d’exploitation le quart du territoire national. Leonel Lozano, conseiller
environnemental du gouvernement du Guerrero, dit que rien que dans l’État
il y a 697 concessions, 90 % avec du capital étranger. Parmi elles, cent
sont en exploitation (dont trois à ciel ouvert) et le reste en
exploration. Il pense que quand les compagnies auront fini leurs 600
explorations, elles opteront pour l’exploitation à ciel ouvert. "C’est la
tendance mondiale, c’est celle qui a le plus gros impact sur
l’environnement, mais c’est la plus rentable", dit-il. Les militants
sociaux de Tlachinollan assurent que rien qu’entre les années 2005 et 2010
le gouvernement fédéral a remis des concessions à cinquante ans à une
poignée de compagnies minières, une décision qui touche 200 000 hectares
du territoire indigène de La Montaña et La Costa Chica.

Domingo a cherché à interviewer les responsables de la direction générale
des mines du ministère de l’Économie pour en savoir plus sur le potentiel
minier du pays et la procédure par laquelle sont concédées les concessions
d’exploitation. Le service de communication sociale du ministère nous a
fait savoir que les fonctionnaires chargés de ces sujets allaient être en
voyage au Canada pour plus d’une semaine, à la Foire internationale des
mines. Il a été noté dans un bulletin que depuis là-bas Bruno Ferrari,
ministre de l’Économie, a déclaré que le Mexique est le premier receveur
d’investissements étrangers miniers en Amérique latine et le quatrième à
l’échelle mondiale. Une fois ce voyage terminé, nous avons redemandé une
interview, mais encore une fois, nous n’avons pas obtenu de réponse
positive. La représentation de Hochschild à Monterrey n’a pas voulu non
plus nous faire connaître sa position sur la question.

Les compagnies minières qui prétendent exploiter les montagnes du Guerrero
se trouvent pour l’instant en phase d’exploration, pas d’exploitation,
mais même ainsi le rejet populaire de leur arrivée est manifeste. Une
route d’État traverse la région de la haute Montaña, où la forêt de nuages
déploie sa majesté entre vallons et ravins profonds. Sur les palissades ou
les roches qui bordent la route abondent les inscriptions contre les
compagnies. L’une dit : "Je donne ma vie pour la terre. Et toi ? Dis non
aux compagnies minières." Quelques-unes comportent les visages stylisés de
Che Guevara et de Genaro Vásquez, l’instituteur originaire de San Luis
Acatlán qui avait pris la tête d’une guérilla dans les années
soixante-dix.
Les gardiens de La Montaña disent que l’exploitation des cinq mines
affectera le territoire de vingt-cinq de leurs soixante-quinze communautés
et ils annoncent qu’ils auront recours à toutes les voies légales
possibles. Les communautés n’écartent pas non plus des actions de
désobéissance civile ou d’autodéfense. Tierra Colorada, Zitlaltepec et
Colombia de Guadalupe, entre autres, se préparent à la guerre contre les
compagnies. Même si elle doit être longue. Et cruelle. Cette fois, il ne
s’agira pas d’une mise en scène. Josafat Mejía, en charge du commissariat
aux biens communaux de Colombia de Guadalupe, le sait bien : "Si le
gouvernement veut entrer ici par la force armée, nous allons nous
organiser en tant que village et nous n’allons pas le permettre."

Les Canadiens visent un territoire

Les après-midi sur la côte d’Acapulco, à environ sept heures de route de
la région de La Montaña, sont chaudes et animées. Au Club de golf Acapulco
AC entrent et sortent des joueurs, la majorité des hommes de plus de
soixante ans, qui se saluent et bavardent dans les couloirs et le
restaurant du lieu. Derrière les installations à usage multiple se
trouvent les terrains au gazon coupé ras auxquels seuls les membres ont
accès. Francisco Javier Larequi Radilla, le concessionnaire mexicain des
mines La Diana et San Javier, et directeur du Patrimoine immobilier du
fidéicommis de promotion touristique d’Acapulco, termine sa partie de
golf. Ce joueur aux cheveux blancs et au corps massif vient ici toutes les
après-midi après sa journée de fonctionnaire public. Il se dirige vers les
douches en T-shirt, short et sandales. Je l’intercepte dans les escaliers.
Je lui demande une interview sur les mines. "Je ne veux pas parler, parce
que ces indigènes de la Police communautaire me bloquent depuis trois
ans", il secoue négativement la main et la tête.

Je lui demande si après sa douche, je peux le rencontrer au restaurant du
club. Il accepte. Il revient tout frais, vêtu avec décontraction. Il
s’assied à la table que je partage avec le vidéo-reporter Arturo Vega et
le photographe Luis Cortés. Il bavarde et file comme une maille de bas. Il
est d’avis que les indigènes sont de nature conflictuelle, parce que même
entre eux ils se chamaillent, ils se bagarrent. Que deux ou trois leaders
des gardiens de La Montaña manipulent le reste des communautés contre les
compagnies. Que derrière ce mouvement contestataire se trouvent un secteur
de l’Église et des activistes italiens. Que le gouvernement de l’État
intercède entre les différentes parties pour démêler l’écheveau. Que Dieu
veuille qu’à la fin tout se résolve. Que s’il est vrai que l’exploitation
sera à ciel ouvert, les compagnies ont des techniques pour combler de
terre le cratère qui jadis fut un mont. Il n’a rien voulu dire de plus.

Larequi fait une apparition fugace sur la vidéo que le président de la
compagnie canadienne Camsim, Derek Sutherland, a mise sur Youtube à propos
de La Diana. Le Canadien apparaît comme un touriste quadragénaire, bel
homme et décontracté, habillé d’une guayabera bleu ciel et d’un bermuda.
Il est assis sur une chaise blanche en plastique sur la terrasse d’un
jardin d’Acapulco. La scène donne l’impression que d’une minute à l’autre
quelqu’un va lui servir une margarita. Devant la caméra il expose en
anglais que le Mexique est le pays qui a le plus gros potentiel minier au
monde. Il partage ce sentiment : "À présent nous avons beaucoup
d’investissements, la région a des investissements comme jamais elle n’en
a eu, et nous sommes tous enthousiasmés, le gouvernement est enthousiasmé
de ce que nous lui préparons."

Le père de Larequi a acquis la mine de San Francisco Javier avec une
superficie de 223 hectares après la Seconde Guerre mondiale, il l’a mise
en service dans les années soixante-dix et quatre-vingt, et il l’a fermée
au début des années quatre-vingt-dix. Il utilisait la technique de la
"mine à galeries", la vieille, celle qui creusait des tunnels dans les
monts. Elle était plus antique et moins productive, mais terriblement
moins nuisible. Larequi dit que son père a fermé la mine faute de
rentabilité. Les militants du centre Tlachinollan disent qu’il l’a fermée
parce que les habitants de Zitlaltepec se sont opposés à ce qu’il continue
à la travailler et qu’ils ont expulsé les mineurs.

Le militant du centre Tlachinollan Roberto Gamboa dit qu’à présent les
multinationales minières recherchent les petites mines à galeries pour les
exploiter à ciel ouvert. À son avis, les compagnies, avec la complicité
gouvernementale, cachent l’information, corrompent les dirigeants et les
autorités locales, divisent les communautés et les menacent, tout cela
pour entrer sur leurs territoires. Elles s’associent aussi avec des chefs
d’entreprise nationaux, comme Larequi. L’homme n’a pas voulu entrer dans
les détails légaux sur la mine qui a appartenu à son père, dont le nom
original s’est réduit à San Javier, mais l’organisation a découvert qu’il
a réactivé la concession pour quatre ans en 2005. Et en 2009, il l’a
prolongée à cinquante ans. Les défenseurs de La Montaña assurent qu’il est
le représentant légal de Camsim. Ce qui n’est pas très clair, c’est s’il a
vendu la totalité ou seulement une partie à l’entreprise. De La Diana, qui
a une superficie de 15 000 hectares, le golfeur apparaît aussi comme
concessionnaire. Les deux mines se trouvent à une distance de quatre
kilomètres.

En 2009 et 2010, Larequi et des gens de Camsim ont visité deux communautés
limitrophes de leurs mines : Paraje Montero, qui appartient au réseau des
gardiens de La Montaña, et Iliatenco, dans le but d’obtenir des
conventions temporaires de permis et de soutien logistique pour leurs
travaux d’exploration. Dans aucun des deux cas les communautés n’ont été
consultées ou informées des concessions à cinquante ans déjà octroyées par
le gouvernement fédéral. Gamboa me raconte que dans le cas de Paraje
Montero, Larequi est venu aussi avec les fonctionnaires du tribunal
agraire et a fait croire que les papiers anciens de la mine de son père
étaient toujours valables et qu’il était en train de régulariser. "Mais il
n’a jamais expliqué que cette convention des années soixante n’était pas
applicable, que les lois minières avaient changé, de même que la loi
agraire, et il n’a jamais expliqué si l’exploitation se ferait à ciel
ouvert ou pas", détaille Roberto Gamboa.

Le militant précise que Larequi a présenté un contrat à Paraje Montero
pour obtenir un consentement à ses travaux d’exploration et
d’exploitation, changer l’usage du sol et faire accepter la démarche comme
irréversible. En échange, Camsim verserait 90 000 pesos la première année
d’exploitation. La seconde, une nouvelle rente serait établie, et quinze
personnes du village seraient embauchées pour 150 pesos par jour. Le
responsable du commissariat aux biens communaux, José López, dit que
Camsin a remis 60 000 pesos. Avec cet argent, ils ont construit le premier
étage de leurs installations. Les gardiens de La Montaña ont fait
connaître au village leur campagne contre les compagnies minières dans la
région. "L’information nous a alarmés", confie López. Ils ont donc décidé
d’enquêter davantage sur la question et ils en discuteront en assemblée
populaire.

Larequi et les gens de Camsim se sont aussi rendus à Iliatenco à l’automne
2010. Ils ont parcouru pendant plus d’une heure le chemin de terre creusé
sur les pentes abruptes pour arriver à l’un des villages qui prend le soin
le plus jaloux de ses forêts. Au titulaire du commissariat aux biens
communaux, Tomás García Evaristo, ils ont remis un document élaboré en son
nom dans lequel celui-ci autorisait les travaux d’exploration, et ils lui
demandaient deux personnes comme guides, qu’ils paieraient 150 pesos par
jour. García n’a pas voulu le signer. Il dit qu’ils lui ont assuré qu’ils
apporteraient l’emploi, qu’ils construiraient des écoles, des cliniques et
qu’ils les feraient profiter de programmes gouvernementaux. García a
maintenu sa position et il a répondu que ce serait l’assemblée populaire
qui déciderait. Celle-ci s’est opposée à la demande. Quelques jours plus
tard, García a informé Larequi et Camsim de cette résolution. "Ils se sont
fâchés, ils sont repartis très mécontents", se souvient-il. Depuis ce
moment-là, Iliatenco a créé une brigade de surveillance qui patrouille
quotidiennement dans ses montagnes touffues de pins pour alerter en cas
d’incursion extérieure.

(À suivre)

Laura Castellanos

"El Universal Domingo", 15 avril 2012.

Traduit par el Viejo.

[1] Encore appelée forêt mésophile ; il s’agit d’un écosystème rare et
fragile de forêt semi-tropicale humide (NdT).

http://www.lavoiedujaguar.net/Les-gardiens-de-la-montagne-contre

Vidéo (en espagnol) :


LA VOIE DU JAGUAR
informations et correspondance pour l’autonomie individuelle et collective
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