Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques

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[Michoacán] Chéran célèbre un an de soulèvement

publiée le 06/05/2012 par CSIA-Nitassinan

La communauté purépecha de Chéran n’est plus la même depuis un an, quand le 15 avril 2011 un fait est venu à bout de leur patience, et que les cloches du village ont sonné pour appeler les habitants à mettre fin au saccage réalisé par les bûcherons braconniers liés au crime organisé qui, pendant les trois dernières années, ont dévasté 80 pour cent de ses forêts.
Le week-end dernier, Chéran était en fête. C’était le premier anniversaire de leur soulèvement, comme ils appellent eux-mêmes leur mouvement si particulier « Ya basta », plus organisé maintenant, avec un programme d’autodéfense, contrôlé par le peuple et à la charge du gouvernement local. Car le 5 février dernier, le Grand Conseil Communal a pris ses fonctions après un long processus de lutte qui a trouvé son expression officielle dans une sentence émise par le tribunal électoral.

Tous les problèmes de Chéran n’ont pas été résolus, c’est certain. L’abattage des arbres continue et l’État ne garantit toujours pas la justice, la sécurité ni la reconstitution du territoire, mais il y a sans aucun doute matière à se réjouir.

Cela fait exactement un an, qu’armés de bâtons, de pierres, de machettes, de pioches, de pelles et de tout ce qu’ils avaient sous la main, ils ont affronté de dangereux groupes armés qu’ils accusaient de ravager la communauté avec la complicité du gouvernement, et sans que personne ne fasse quoi que ce soit pour les arrêter. Fatigués de « baisser la tête » ils ont explosé le jour où les bûcherons braconniers sont entrés à la source de la « Cofradia » qui pourvoit la communauté en eau. À partir de ce moment, la vie quotidienne de Chéran a changé.

La résistance contre l’abattage clandestin, bien que sporadique, a commencé en 2008 lorsque la dévastation s’est accrue sur le mont Pacuacaracua. À Chéran il y a 27 000 hectares de terres communales, dont 20 000 hectares de forêt. À l’époque, la communauté avait dénoncé la destruction de plus de 80% de la forêt (plus de 15 000 hectares). Les bûcherons braconniers originaires de Capacuaro, Tanaco, Rancho Casimiro, San Lorenzo, Huecato, Rancho Morelos et Ranco Seco, avaient agi en semant la terreur, car ils ravagent la communauté avec des armes de gros calibre.

Aujourd’hui, le défi est, en plus de continuer à protéger les forêts qui leur restent, de reconstituer le tissu communautaire et d’organiser sa gouvernance en accord avec leurs normes et leur autonomie. Personne n’a prétendu que ce serait facile.

Pour l’instant, depuis le 11 avril dernier, comme ce premier anniversaire coïncide avec la fête traditionnelle de la communauté, on célèbre tout cela avec des activités culturelles. Samedi, il y aura une manifestation politique pour célébrer l’autodéfense d’un peuple qui en a eu marre de baisser la tête.

Gloria Muñoz Ramirez
Los de Abajo

www.desinformemonos.org

losylasdeabajo@yahoo.com.mx

http://www.jornada.unam.mx/2012/04/opinion/014o1pol