Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques

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[Chiapas] Acteal, campagne contre l’impunité

publiée le 24/08/2012 par CSIA-Nitassinan

Organisation de la Société Civile « Las Abejas »
Terre sacrée des Martyrs
Acteal
Chenalho, Chiapas. México.

12 du mois d’août 2012

A l’opinion publique
Aux médias du Chiapas, mexicains et internationaux
Aux médias alternatifs
A la Sexta Internacional
Aux adhérents de l’Autre Campagne
Aux organisations indépendantes
Aux défenseurs des droits humains non gouvernementaux (ONG)
Au Tribunal Permanent des Peuples
A l’organisation des Nations-Unies

Frères et soeurs

Les gouvernements mexicains n’accordent aucun mémoire aux crime de
lèse-humanité et mettent en oeuvre des stratégies d’oubli et d’impunité
afin que se dissipent des mémoires les tragédies qu’ils ont éxécutées.
Mais comment pouvons-nous oublier des faits si cruels comme le massacre
d’Acteal, celui d’Aguas BLancas au Guerrero, ou le massacre étudiant de
Tlatelolco en 1968, qui ont blessé toute l’humanité ? vu que ces faits
n’auraient jamais dû avoir lieu car ils n’ont ni nom ni prise dans la
société, car ils n’ont aucun sens dans la vie.

Mais comme ces faits ont eu lieu, il y a des gens qui les planifient et
les organisent. Malgré tout nous existons, nous des « Abejas », qui
gardons mémoire et histoire, qui défendons la vie afin de donner espoir
face à ces faits effrayants. Et nous prenons la voix des offensés, des
massacrés, des vivants et des morts afin de dénoncer ces injustices
commises par les gouvernements, pour que ces faits atroces ne restent pas
impunis et mettre ainsi fin aux crimes contre l’humanité.

Aujourd’hui donc, nous ne pouvons rester silencieux face à tant
d’injustice et d’impunité, et il est de notre devoir de dénoncer, et c’est
pour cela que nous le faisons ici, à trois ans de la libération massive
des paramilitaires emprisonnées pour le massacre d’Acteal. Car le 12 août
2009, le gouvernement mexicain au travers de la dite Suprême Cour d’
Injustice de la Nation, donnèrent liberté conditionnelle et libérèrent
massivement les assassins d’Acteal allégant d’irrégularités durant le
processus juridique, et que les preuves fournies par les survivants ne
seraient pas pertinentes et trop faibles pour condamner les paramilitaires
emprisonnées. Mais il faut mentionner ici que les auteurs matériels du
meurtre ne sont pas innocents, et si comme ils disent il y a des
irrégularités dans le processus juridique c’est parce que ce même
gouvernement a tergiversé au sujet des déclarations et des témoignages
donnés par les survivants après le massacre. Et c’est bien logique, comment
allaient-ils aider à dénoncer les responsables quand ce sont eux-mêmes qui
ont organisé et mis en œuvre le massacre ?

Et bien que le gouvernement nie sa responsabilité dans la gestion,
l’omission et le camouflage des faits, nous nous dénonçons et disons à
voix haute que le massacre d’Acteal est un crime d’État de lèse-humanité,
un produit de la stratégie de contre-insurrection mis en œuvre au sein de
la guerre sale de basse intensité. Et cela n’est pas un mensonge ou une
fabrication de notre part, il existe des documents qui prouvent et
révèlent que le massacre d’Acteal est un crime d’Etat, un de ces documents
étant le « Plan Chiapas 94 », stratégie dessinée depuis les Etats-Unis
afin de mettre en échec les forces zapatistes de Libération Nationale.

Il faut mentionner que le gouvernement mexicain au moment de la libération
a affirmé que les paramilitaires absous ne retourneraient pas dans leurs
communautés d’origine car ils représentent une menace pour les survivants
et la population civile. Mais comme toujours, lorsque le gouvernement dit
faire une bonne action dans la société il effectue tout le contraire, cela
c’est une habitude des marionnettes des puissances étrangères. Et il en
fut ainsi. Quelques jours après les libérations, les paramilitaires
libérés débarquaient dans nos communautés, profitant des privilèges
accordés par l’Etat en récompense de leur avoir prêté service. Et
aujourd’hui ils continuent à se promener tranquillement comme si de rien
n’était, construisant leurs maisons, se donnant de grands airs avec leurs
nouvelles voitures que personne ne peut s’acheter même s’il passe 15 à 20
ans à travailler, et il est évident que le gouvernement continue à les
récompenser pour le sale travail qu’ils ont effectué. Néanmoins, comme
nous l’avions dénoncé avant les libérations, l’impunité accordée par les
gouvernements est une menace pour la population civile ; car aujourd’hui
les fils des paramilitaires libérés portent avec orgueil les armes de
leurs pères utilisées durant le massacre, et déambulent tranquillement
avec elles le long des chemins et des champs.

Mais pas seulement eux, également les paramilitaires auteurs matériels du
massacre et de faits antérieurs qui n’ont jamais été jugés pour les faits
commis. Bien que soit interdit sur tout le territoire de la municipalité
de Chenalho le port d’armes à feu, ils le font et dans presque toutes les
communautés de Chenalho est détectée la présence d’armes à feu, et le
président municipal lui-même l’autorise et permet l’usage des armes au
sein des communautés.

Nous observons que ce climat de port d’armes à feu dans nos communautés de
Chenalho ouvre la possibilité à ce que se forment de nouveaux groupes
paramilitaires, et à l’activation et la réactivation de
ceux déjà existants. Et cela est évident, car aujourd’hui les
paramilitaires de la zone nord appartenant aux partis du PRI (Parti
Révolutionnaire Institutionnel) et du PVEM (Parti Vert Ecologiste
Mexicain) répriment, harcèlent, menacent et spolient de leurs biens et
propriétés aux compagnons et compagnes de la communauté de San Marcos
Avilés, bases d’appui zapatistes, tout comme le font actuellement les
priistes de Tenejapa qui ont emprisonné injustement le compagnon Francisco
Lopez Santis, lui aussi base d’appui zapatiste, accusé d’homicide.

De plus, au vu de ce climat couvert d’injustices, de violations des droits
humains, d’incarcération injuste, il n’y pas de doute que ces actions
violentes et répressives s’intensifient maintenant de plus en plus. Parce
que durant les élections de 2012, le Parti Révolutionnaire Institutionnel
(PRI) a gagné de nouveau au travers de la fraude électorale. Nous
affirmons cela parce que nous connaissons le mode d’agir gouvernemental de
Peña Nieto, aujourd’hui président élu par Télévisa, TV Azteca et qui est
avant tout un assassin, un violeur, un répresseur et un vendeur de patrie,
et cela c’est ce qu’il continuera de faire durant sa période
présidentielle. Parce que c’est la seule chose que sait faire le PRI, et
nous savons bien que tous les crimes commis d’un bout à l’autre du pays
l’ont été sous les ordres et sous le régime du PRI.

Si effectivement, les institutions gouvernementales en charge d’appliquer
la justice ont péri et cessé d’exister autrement pour la majorité des
Mexicains que pour leur complicité et le camouflage des crimes commis, il
existe encore cependant des cours internationales afin de juger les
ex-mandataires du pouvoir, qui sont les plus grands criminels de
lèse-humanité. Et bien que les avocats de Ernesto Zedillo allèguent que
leur client bénéficie de l’immunité diplomatique, cela n’est pas une
justification pour que Ernesto Zedillo ne soit pas jugé pénalement pour
son crime ; dans le ciel et sur la terre personne n’est au-dessus de la
loi, c’est ainsi que l’établissent les lois humaines et les lois divines.

En vertu de tout ce qui a été dit antérieurement

Nous exigeons

-  Justice pour les auteurs matériels et intellectuels du massacre d’Acteal
-  Non à l’immunité diplomatique d’Ernesto Zedillo
-  Halte au harcèlement des communautés indigènes en résistance civile
pacifique
-  Fin de la violation des droits humains

Bien à vous

Voix de l’Organisation de la Société civile « Las Abejas »

- Porfirio Arias Hernández

- Enrique Perez Santis

- Victorio Santis Gómez

- Javier Pérez Gutiérrez

- Benjamín Pérez Pérez

- Manuel Pérez Gómez

http://acteal.blogspot.mx/