Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques

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Desinformemonos - Des dizaines de milliers de bases d’appui de l’EZLN ont occupé dans un silence emblématique les rues de cinq municipalités chiapanèques, le 21 décembre 2012

publiée le 23/12/2012 par CSIA-Nitassinan

Desinformemonos

“Vous avez entendu ? C’est le bruit de votre monde qui s’écroule” : EZLN

Chiapas, Mexique. Des dizaines de milliers de bases d’appui de l’Armée
Zapatiste de Libération Nationale (EZLN) ont occupé dans un silence
emblématique les rues de cinq municipalités chiapanèques, dans la première
manifestation publique que font les zapatistes depuis le 7 mai 2011, quand
il se sont joints à l’appel du Mouvement pour la Paix avec Justice et
Dignité. Cette action simultanée et massive, la plus grande de toute son
histoire, a été précédée par l’annonce que l’organisation indigène allait
donner sa parole, qui a été rendue publique quelques heures après la
mobilisation.
“À qui de droit. Vous avez entendu ? C’est le bruit de votre monde qui
s’écroule. C’est celui du nôtre qui resurgit. Le jour où le jour fut,
c’était la nuit. Et ce sera la nuit le jour où ce sera le jour.” est le
message signé par le sous-commandant Marcos et diffusé quelques heures
après, sur le site internet Enlace Zapatista.

Dans chacune des villes occupées (Ocosingo, Las Margaritas, Palenque,
Altamirano et San Cristóbal) les tzeltales, tzotziles, ch’oles,
tojolabales, zoques, mames et métisses ont marché avec leurs traditionnels
foulards et passe-montagnes, en rang et dans un silence absolu. Hommes et
femmes, jeunes en majorité, sont passés sur une estrade dans chaque ville
en levant le poing. Ça a été l’expression la plus symbolique de toute la
mobilisation.

Force, discipline, ordre extraordinaire, dignité, courage, cohésion. Ce
n’est pas rien. Ce sont 19 années pendant lesquelles une infinité de fois
on les a donnés pour morts, pour divisés ou isolés. Une fois après
l’autre, ils sortent pour dire “nous sommes là”. Aujourd’hui, avec 40000
zapatistes dans les rues, ils ont à nouveau fait taire fermement les
rumeurs et les mensonges.

À San Cristobal de las Casas, ville où traditionnellement se font les
manifestations de l’EZLN en dehors de son territoire, plus de 20000 hommes
et femmes zapatistes, venant du caracol d’Oventik, et où ils se sont
rassemblés un jour avant, ont défilé sous une pluie qui a commencé à
l’aube. La marche de 28 détachements (selon la numérotation que les
groupes portaient sur leurs passe-montagnes), a commencé aux abords de la
ville, vers 8h30 du matin, et vers midi, l’arrière-garde était encore très
loin de centre. La place était trop petite pour les recevoir.

Habitants et touristes ont lancé des cris de soutien et ont chanté l’hymne
zapatiste à certains endroits. Les commerces, comme d’habitude, ont baissé
leurs rideaux, puisque de nouveau, les indiens les ont surpris. L’estrade
se trouvait devant la cathédrale, tandis que les groupes ordonnés de
zapatistes se trouvaient autour du premier carré de la ville.

À Palenque, ancienne ville ch’ol et un des centres touristiques les plus
importants de l’État, les indigènes zapatistes sont entrés par l’avenue
principale de la ville et ont levé le poing sur l’estrade placée dans le
centre de la ville, en face de l’église. Ensuite, ils sont repartis par la
rue Chiapas pour retourner dans leurs communautés.

À Las Margaritas, les zapatistes ont répété la dynamique avec 7000 bases
d’appui, pendant qu’à Ocosingo – ville aussi prise par les insurgés le 1er
janvier 1994 et où a eu lieu le massacre de civiles par l’armée fédérale
dans les premiers jours de la guerre – plus de 6000 bases d’appui ont
déployé l’action dès 6h du matin, et on a su que près de 8000 zapatistes
de plus seraient restés au caracol de la Garrucha par manque de moyen de
transport pour rejoindre la ville. Autant de zapatistes ne s’étaient pas
concentrés dans cette ville depuis les combats sanglants du soulèvement
indigène.

Les symboles sont nombreux, puisqu’ils ont choisi le dernier jour du cycle
maya, celui qui pour beaucoup devrait être « la fin du monde » et pour
d’autres, le début d’une nouvelle ère, le changement de peau, la
rénovation. Pendant ces 19 ans, le parcours de la lutte zapatiste a été
rempli de symbolismes et de prophéties, et cette occasion ne devrait pas
être une exception.

Depuis l’annonce que prochainement, le commandement général de l’Armée
Zapzatiste de Libération Nationale (EZLN) donnerait à connaître sa parole,
l’expectative sur le contenu du message a été grandissant. Ce vendredi,
cependant, ce qui a été entendu, ce sont leurs pas, leur cheminement
silencieux sur les cinq places, leur marche digne et rebelle dans les rues
et leurs poings levés.

La dernière fois que le sous-commandant Marcos, chef militaire et
porte-parole zapatiste a parlé, c’était dans un échange épistolaire avec
le philosophe Luis Villoro, le 7 décembre 2011. Et l’initiative politique
la plus récente a été le festival de la Digne Rage, auquel ils ont
convoqué les luttes et les mouvements du Mexique et du monde, en décembre
2008.

Ce vendredi, les membres du Comité Clandestin Révolutionnaire Indigène ne
se sont pas présentés, comme ils l’ont fait en mai 2011. Ça a été la
dernière fois qu’ont été vus Tacho, Zebedeo, Esther, Hortencia, David et
le reste du commandement général, à l’exception du sous-commandant Marcos,
qui s’est maintenu éloigné de la scène publique.

http://desinformemonos.org/2012/12/escucharon-es-el-sonido-de-su-mundo-derrumbandose-ezln/

Vidéo
Sans paroles, la marche des zapatistes

http://desinformemonos.org/2012/12/sin-palabras-la-marcha-de-los-zapatistas/


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