Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques

Espace adhérents

[MEXIQUE] Communiqué urgent du CONGRÈS NATIONAL INDIGÈNE (CNI) - Novembre 2011

publiée le 06/11/2011 par CSIA-Nitassinan

4 novembre 2011

Au peuple du Mexique.
Aux peuples, nations, tribus, quartiers, communautés, collectifs et organisations indigènes honnêtes.
Aux médias.
À la société civile nationale et internationale.
À La Otra Campaña.
À la Commission Zezta nationale et internationale.

Nous, les autorités, les délégués, les commissaires, les conseillers, les principaux et les représentants des peuples, nations, tribus, communautés, quartiers, organisations et collectifs indigènes honnêtes participant au Congrès national indigène (CNI), adhérents à la VIe Déclaration de la jungle lacandone, nous manifestons notre solidarité envers nos sœurs et nos frères des peuples Ikoot, Binnizá et Afrodescendants, membres de l’Assemblée des peuples indigènes de l’isthme de Tehuantepec pour la défense de la terre et du territoire (APIITDTT), qui sont aujourd’hui victimes des pires formes de criminalisation de leur lutte de la part des mauvais gouvernements de Felipe Calderón [président de la république, NdT] et Gabino Cué [gouverneur d’Oaxaca, NdT] ; ceux-ci, par leur silence, leur complaisance, leur racisme, leur condescendance et leur malinchisme [Malinche : surnom de la maîtresse indienne du conquérant Hernán Cortés, restée symbole de trahison, NdT] se montrent complices des entreprises transnationales espagnoles dans la violation directe des droits des peuples et des communautés indigènes de l’isthme de Tehuantepec, dans le cadre de l’imposition du mégaprojet « Corridor éolien de l’Isthme ».

Dans l’État d’Oaxaca, la criminalisation et la répression des mouvements sociaux a été une constante sous les gouvernorats de José Murat, Ulises Ruiz et Gabino Cué ; elle a permis, favorisé et masqué l’existence et l’action de groupes paramilitaires pratiquement dans toutes les régions de l’État ; c’est ce que démontrent les cas de San Juan Copala, San Isidro Aloapan, Yosotatu, Tanetze, Xochiapan, Tuxtepec, Unión Hidalgo, Juchitán et même Lu’lá’, dans la ville d’Oaxaca. Dans ces localités, l’action de groupes armés et de pistoleros au service des entreprises multinationales et des caciques locaux, en cheville avec les gouverneurs successifs de l’État, a ôté la vie à une myriade de militants et de lutteurs sociaux, indigènes dans leur majorité. Avec toutes ces casseroles d’impunité que traîne derrière lui le gouvernement de l’État d’Oaxaca, il est aberrant et inexplicable que l’ONU lui ait accordé récemment une reconnaissance pour observation des droits humains.

Nous manifestons notre condamnation de la violente répression suscitée et exercée contre l’Assemblée des peuples indigènes de l’isthme de Tehuantepec pour la défense de la terre et du territoire (APIITDTT) de la part de l’entreprise Développement éolien mexicain (DEMEX, filiale de l’espagnole Renovalia Energy) dont les hommes de main, accompagnés de policiers fédéraux et judiciaires, ont agressé physiquement les 18 et 28 octobre derniers des compañeras et compañeros de l’APIITDTT sur les terrains communaux d’Unión Hidalgo et Juchitán ; le résultat de ces actions répressives a été un bon nombre de blessés, ainsi que la mort du citoyen Reynaldo Ordaz Velázquez, employé de l’entreprise DEMEX, originaire de la communauté de La Venta, agence municipale de Juchitán (Oaxaca). Nous demandons une enquête sur ces faits, et nous écartons toute responsabilité de Rodrigo Flores Peñaloza, étant donné qu’il ne se trouvait pas sur les lieux et que, de plus, les seuls à être armés étaient les paramilitaires, les jaunes payés par DEMEX et les policiers municipaux de La Venta.

Nous exigeons l’abandon immédiat du mégaprojet « Corridor éolien de l’Isthme », en particulier dans les cas des alentours d’Unión Hidalgo (Piedra Larga, Las Palmas, El Llano et Zapotal), ainsi que dans le cas du Parc éolien San Dionisio que prétend imposer la compagnie espagnole PRENEAL dans l’île de Pueblo Viejo, puisque dans ces deux derniers cas on est tombé et on tombe dans la violation permanente de nos droits en tant que peuples et communautés indigènes, reconnus dans les accords de San Andrés, qui pour nous sont la plus haute loi sur nos droits au Mexique, ainsi que dans la Convention 169 de l’OIT, dans la Déclaration universelle des droits des peuples indigènes de l’ONU et même dans la loi sur les Droits indigènes de l’État d’Oaxaca. Les supposées bontés de la production d’énergie propre se révèlent également une tromperie, puisqu’ont été touchées des surfaces de basse montagne et de mangrove dans les différentes zones de l’isthme, avec pour conséquence des pertes de nappes phréatiques, de souveraineté alimentaire et d’espèces en danger d’extinction, aussi bien d’oiseaux que d’autres espèces.

De ma même manière, nous rendons directement responsables les mauvais gouvernements, tant celui de la Fédération que celui de l’État d’Oaxaca, ainsi que les cogneurs et paramilitaires engagés par l’entreprise DEMEX, face au mutisme et à la condescendance des autorités municipales, de l’État et de la Fédération, pour les agressions et atteintes physiques et morales qui ont eu lieu depuis le mois de juin et les 18 et 28 octobre, ainsi que pour les nouvelles agressions dont pourrait être victime n’importe quel membre de l’APIITDTT. Nous exigeons en particulier l’arrêt du harcèlement judiciaire, l’annulation des inculpations possibles et des mandats d’arrêt en vigueur à l’encontre des compañeras Maribel González Pedro, Guadalupe Castellanos Ramírez, Lucila Bettina Cruz Velázquez, ainsi qu’à l’encontre des compañeros Rodrigo Flores Peñaloza et Juan Regalado Martínez.

Nous, peuples et communautés indigènes en lutte et résistance pour la défense de nos terres et territoires, NOUS NE SOMMES NI DES DÉLINQUANTS NI DES NARCOTRAFIQUANTS ! C’est pourquoi nous exigeons l’arrêt des patrouilles de l’Armée de terre et de la Marine dans les communautés de Xadani, Juchitán, Unión Hidalgo et San Dionisio del Mar, ainsi que dans la majorité des communautés et villes de l’isthme de Tehuantepec ; de la même façon que dans les cas du Michoacán, du Guerrero et d’Oaxaca, nous demandons le retour des militaires à leurs casernes ; nous ne tolérerons plus la présence de la Marine sur nos territoires, dans nos maisons, à effrayer et intimider nos familles, nos époux, nos épouses, nos pères, nos mères, nos enfants, et nous rendons Felipe Calderón directement responsable de ces actions anticonstitutionnelles et des conséquences qu’elles pourraient entraîner.

Nous faisons savoir d’avance que l’actuelle campagne de répression des mauvais gouvernements de Felipe Calderón et Gabino Cué, qui recourt à l’usage de forces militaires, de la Marine, de paramilitaires, de policiers municipaux et des jaunes de la CTM [centrale syndicale vendue à l’État et au patronat, NdT] contre nos peuples et communautés, pour nous dépouiller de nos terres et territoires, ne nous effraie ni ne nous intimide dans notre décision de réunir les peuples indigènes du Mexique affectés par les entreprises transnationales. Nous dialoguerons et réfléchirons sur de possibles solutions à ces problèmes lors de notre prochain Atelier national, qui aura lieu sur le territoire du peuple ikoot, isthme de Tehuantepec, les 26 et 27 novembre prochains ; nous étendons l’invitation aux adhérents de La Otra Campaña et aux organisations civiles de défense des droits humains, pour qu’elles observent et garantissent le bon résultat de cette prochaine rencontre.

Nous exhortons la société civile oaxaquègne, les peuples, nations, tribus, communautés, quartiers, organisations, collectifs et personnes honnêtes indigènes, qui représentent la majorité de la population de l’État d’Oaxaca, ainsi que la XXIIe section du SNTE [section de l’État d’Oaxaca du syndicat enseignant, oppositionnelle à la direction vendue et en pointe dans toutes les luttes sociales, NdT] à promouvoir le dialogue et l’organisation à partir d’en bas, afin d’éviter la spoliation des terres, territoires et ressources de nos peuples que veulent réaliser les mauvais gouvernements et les entreprises transnationales.

LA TERRE, LA MONTAGNE, LES FORÊTS, LES PLAGES, L’EAU ET L’AIR NE SONT PAS À VENDRE, ON LES AIME ET ON LES DÉFEND !

PLUS JAMAIS UN MEXIQUE SANS NOUS !

Pour le Congrès national indigène :
Peuple Wixárika : autorités agraires et communautaires de Bancos de San Hipólito, Santa Catarina Tuapurie et San Andrés Cohamiata, San Sebastián Teponahuastlán (États de Jalisco, Zacatecas et Durango) ; Conseil régional Wixárika pour la défense de Wirikuta.
Tribu Yaqui : autorités et gouverneurs traditionnels des huit villages de la tribu yaqui (Sonora), en résistance contre l’aqueduc « Independencia ».
Peuple Purhépecha : communauté indigène purhépecha de Cherán ; autorités communautaires de Nurío (Michoacán).
Peuple Ikoot : autorités municipales et agraires de San Mateo del Mar ; assemblée des comuneros de Xacambaj, Pueblo Viejo, San Dionisio del Mar (Oaxaca).
Peuple Nahua : Conseil des autorités autonomes d’Ostula, Coire et Pómaro, de la côte du Michoacán.
Communauté indigène de Tuxpan (Jalisco).
Commissariat de l’ejido indigène d’Ayotitlán, commune de Cuautitlán (Jalisco).
Conseil des Anciens, autorités traditionnelles d’Ayotitlán, Sierra de Manantlán (Jalisco).
Comuneros de Milpa Alta (District fédéral) en résistance contre le projet de voie rapide « Arco Sur ».
Collectif Ce-Acatl (District fédéral).
Peuple Ñomndaa : communauté de Xochistlahuaca et Radio communautaire « La parole de l’eau » (Guerrero).
Peuple Ñhañhu : comuneros, collectif culturel et Radio communautaire de San Pedro Atlapulco (État de Mexico).
Peuple Mee’pha : Conseil régional des autorités communautaires / Police communautaire de Tlapa, Paraje Montero et San Luis Acatlán (Guerrero).
Peuple Coca : communauté indigène de Mezcala (Jalisco).
Peuples Ñhu Sabi et Binnizá : Conseil indigène populaire d’Oaxaca-Ricardo Flores Magón (CIPO-RFM) (Oaxaca), Collectif El Cortamortaja et Radio Arco Iris, Jalapa del Marqués (Oaxaca).
Peuples Tzotzil et Tzeltal : campement des familles de prisonniers politiques en grève de la faim pour leur liberté, Place de la Paix, cathédrale de San Cristóbal de Las Casas (Chiapas).

Invités :
Association du Jalisco de soutien aux groupes indigènes (AJAGI, A.C.)
Unité de soutien aux communautés indigènes (UACI), Université de Guadalajara
Conseils techniques agraires, A.C.

Traduit par el Viejo

Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte (CSPCL)