Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques

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[Chiapas] Rosario Díaz Méndez emprisonné : entre bureaucratie et vengeance politique.

publiée le 09/06/2013 par CSIA-Nitassinan

Rosario Díaz Méndez, originaire de Huitiupán, Chiapas, fait partie avec
Alberto Patishtán de ce qui reste de l’organisation de prisonniers de « la
Voix de l’Amate » à l’intérieur de la prison. Comme pour le professeur
tzotzil Patishtán, son dossier est rempli d’irrégularités et de mensonges.
Il s’agit d’une vengeance politique, parce que tant Alberto que Rosario
ont toujours mené une lutte pour la reconnaissance de leurs droits humains
et contesté les méthodes de surveillance comme les traitements dégradants
à l’intérieur de la prison, mais surtout parce qu’ils ont élargi le
mouvement de protestation en y incorporant d’autres prisonniers également
convaincus et engagés.

Rosario est emprisonné pour des délits qu’il n’a pas commis mais qui ont
été fabriqués de toutes pièces, et condamné à 45 ans de prison pour
séquestration et homicide. Cela fait plus de sept ans qu’il se trouve
enfermé, et bien que son cas soit en révision par le gouvernement de
l’État et qu’une résolution judiciaire ait dû être émise depuis longtemps
par le juge de première instance à Simojovel, son dossier reste dans les
limbes de l’abandon.

Le 7 mai 2013, nous avons appris que l’examen de son dossier avait été de
nouveau retardé, comme si une consigne bureaucratique était de prolonger
son enfermement ; c’est ce qu’a toujours fait Jaqueline Ángel, la juge du
district de Simijovel responsable du suivi de son cas. Rosario a rendu
publiques plusieurs dénonciations et il a exhorté à plusieurs reprises le
juge du district de Simijovel « à respecter exhaustivement les analyses de
son dossier, numéro 47/2006, en tenant compte de toutes et de chacune de
ses confrontations, puisque les personnes supposées être offensées ne
l’ont jamais signalé comme responsable, et les témoins à charge non plus
(…) Personne ne m’accuse » – c’est comme cela que Rosario résume sa
situation juridique. "Dans la plainte initiale mon nom n’apparaît pas. Il
y a sept autres co-accusés dans la prison de l’Amate, que je ne
connaissais même pas, qui ont été arrêtés pour les mêmes faits que moi,
faits qui ont eu lieu à Huitiupán en 2005".(1)

Rosario a eu une activité politique très active à l’intérieur de toutes
les prisons où il a été détenu depuis le 23 août 2005. En 2008, quand il
se trouvait à la prison de l’Amate et qu’il n’était pas encore membre de
la Voix de l’Amate, il s’est solidarisé avec les grévistes de la faim de
la dite organisation, comme des dizaines de prisonniers. Cette
protestation a été le facteur qui a permis la libération de tous les
prisonniers de cette organisation, sauf celle de Patishtán ; c’est alors
que Díaz Méndez s’est joint à cette organisation aux côtés de Patishtán.
Quand tous les deux ont été transférés à la prison de San Cristobal, ils
ont continué la lutte qui avait été conçue à l’intérieur de la prison de
l’Amate. À San Cristobal, Rosario a participé aux actions solidaires avec
les villages adhérents à la Sixième Déclaration de la Forêt Lacandonne.

Ensuite, il s’est joint à l’organisation d’une grève de la faim massive en
juin 2011, quand environ 580 prisonniers de Los Llanos ont manifesté pour
le respect de leurs droits en tant que personnes. Trois mois plus tard,
Díaz Méndez a participé à la grève de la faim et au piquet de protestation
de l’organisation de la Voix de l’Amate et des Solidaires, grève qui a
duré 39 jours, et qui avait pour but d’exiger leur libération.(2)

C’est grâce à la forte mobilisation à l’intérieur et à l’extérieur que
presque tous les membres de « la Voix de l’Amate » ont réussi à se faire
libérer, suite aux protestations, aux efforts réalisés de la part des
avocats et aux incessantes dénonciations concernant les irrégularités et
les mensonges qui les avaient amenés à la prison du Chiapas.

Il ne faut pas oublier l’encouragement et le soutien que Rosario Diaz
Mendez et Alberto Patishtan ont apportés à la plus récente organisation de
prisonniers, créée en 2009, également adhérente à Sixième Déclaration
zapatiste, qui s’appelle « Les Solidaires de la Voix de l’Amate ». Elle
regroupe des jeunes exposés aux mêmes injustices et manifestant un
engagement équivalent dans la lutte des prisonniers, et qui ont été
arrêtés sans fondement parce qu’ils sont pauvres, indigènes ou pour des
motifs politiques. Comme Díaz Méndez et Patishtán, ils sont devenus une
référence organisationnelle au sein du surpeuplé Centre de Réinsertion
Sociale des Condamnés – CERSS, dans la zone rurale de San Cristóbal de Las
Casas.

Finalement, dans un communiqué, le groupe de travail et d’accompagnement
aux prisonniers du Chiapas « No estam@s tod@s » lance un appel à rester
attentifs, solidaires et vigilants quant aux prochaines actions pour la
libération des compagnons et compagnonnes en lutte, adhérents à la Sexta
Déclaration zapatiste. Rosario fait appel à tous ceux et toutes celles qui
comme lui veulent que la justice et la liberté puissent trouver leur place
dans ce monde, et exhorte les personnes solidaires à continuer la
lutte.(3)

Par les trois passants

Merci à Valérie pour les corrections.

Sources :

(1,2) Nadie me acusa, expresa Rosario Díaz Méndez, otro indígena inocente
preso. Periódico La Jornada, artículo de Hermann Bellinghausen,p.20,
9/10/2012/Section:Politique
(3) Pronunciamiento del GT No Estamos Todxs en favor de Rosario Diaz
Mendez et Denuncia de Rosario sobre el nuevo boicot a su
proceso,12/05/2013.

Pour plus d’information sur les prisonnier-e-s de la Sexta de l’EZLN :
http://liberonsles.wordpress.com