Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques

Espace adhérents

[OAXACA] Intervention d’Erika Sebastián, lors du rassemblement pour la liberté de son père, Alvaro Sebastián.

publiée le 23/06/2013 par CSIA-Nitassinan

Mots d’Erika Sebastián Luis – fille d’Alvaro Sebastián Ramirez, prisonnier
de Loxicha, Oaxaca – lors du rassemblement pour la liberté d’Alvaro et
celle des prisonniers de Loxicha- convoqué par le Réseau contre la
Répression et pour la Solidarité le 18 juin 2013 à Mexico.

"Compagnonnes et compagnons du Réseau contre la Répression et pour la
Solidarité, présent-es ici aujourd’hui, dans ce rassemblement devant les
bureaux de la représentation du gouvernement d’Oaxaca dans la ville de
Mexico.

Je voudrais vous remercier pour votre solidarité et pour votre courage,
vous qui vous élevez contre les attaques que nous avons subies de la part
du mauvais gouvernement, et qui se sont accrues ces derniers jours. Onze
jours ont passé depuis qu’Alvaro Sebastián Ramírez et les six prisonniers
de Loxicha ont été extraits de leur cellule n°22 de la prison centrale
d’Oaxaca, lieu où ils ont vécu pendant seize longues années au cours
desquelles ils ont lutté pour rendre vivable un endroit conçu pour la
mort.

Depuis le jeudi 6 juin 2013 à onze heures du soir, date à laquelle nous
avons appris le transfert de nos prisonniers, jusqu’à aujourd’hui, mardi
18 juin, 276 heures d’incertitude sont passées et nous ne savons toujours
rien sur le sort de nos compagnons.

L’insensibilité est la principale caractéristique des marionnettes qui
gouvernent notre pays, et qui exhibent fièrement leurs plans de sécurité,
leurs prisons, leur abus de pouvoir.

Encore une fois, après onze ans, nous avons tout abandonné , le travail,
les champs, les animaux, la maison, la famille. Encore une fois, comme il
y a seize ans, nous crions pour la liberté de nos prisonniers loxichas.
Encore une fois, nous avons installé un piquet de protestation au
centre-ville d’Oaxaca, afin de rompre le cercle de silence et de mensonges
que nous imposent ceux de là-haut. Encore une fois, la digne rage est ce
qui nous maintient debout, résistant et luttant .

Comme est-ce possible d’accuser une personne de lésions qualifiées, de
privation illégale de liberté, de vol, de dommage à un tiers, de recel
d’armes, de terrorisme, de conspiration, d’association délictueuse, alors
que finalement toutes ces accusations sont dénuées de tout fondement ?

Dès le début, Alvaro Sebastián Ramírez et les autres prisonniers de
Loxicha ont été accusés de ces délits. Seize années de lutte juridique ont
passé, dans des conditions inégales, désavantageuses, sans argent pour
payer les frais d’avocats. Malgré tout cela, il a été démontré que les
compagnons prisonniers ne sont pas responsables des délits attribués, et
ils ont été acquittés de neuf parmi les onze délits.

Actuellement Alvaro Sebastián Ramírez est maintenu enfermé pour des
actions qui ne constituent en aucune façon un délit. Les raisons pour
lesquelles il est enfermé se situent hors la loi.

Pourquoi reçoit-il ce traitement ? Parce qu’il est indigène ? Ou parce
qu’il est un dissident politique ? Parce qu’il est un militant qui se bat
pour l’autonomie des peuples indigènes ? Ou parce qu’il est accusé de
faire partie d’un groupe armé rebelle ? Ou pour tout ceci ?

Pourquoi les Loxichas ont-ils passé seize ans incarcérés injustement, si
leur lutte a toujours été en désavantage et les accusations contre eux
sans fondement ?

La réponse est une : pour mettre en oeuvre la consigne de l’État Mexicain,
traduire dans les faits la promesse du génocidaire Ernesto Zedillo Ponce
de León d’agir avec toute la force de l’Etat.

La responsabilité historique des crimes contre l’humanité commis contre
les habitants de la région de Loxicha retombe sur Gabino Cué Monteagudo,
Diódoro Carrasco Altamirano et Ernesto Zedillo Ponce de León.

Après seize ans, ils continuent d’assigner la condition de terroristes à
un groupe d’indigènes qui seront bientôt depuis dix-sept ans en prison,
accusés par l’État Mexicain d’appartenir à l’Armée Populaire
Révolutionnaire.

Cette stratégie obéit aux plans de sécurité imposés par les agences
états-uniennes de sécurité et d’intelligence, dans lesquels entre
implicitement la construction de centres d’extermination désignés
expressément pour contenir tous types de dissidence opposées au régime
dominant.

Nous exigeons la liberté immédiate et inconditionnelle d’Alvaro Sebastián
Ramírez et des autres prisonniers de Loxicha !

Nous exigeons que Gabino Cué Monteagudo se montre et s’explique sur les
raisons de ce transfert, s’il y en a !

Nous exigeons des trois niveaux du mauvais gouvernement qu’ils cessent la
criminalisation de la lutte et de la protestation sociale !

Liberté pour Agustín Luna Valencia !
Liberté pour Eleuterio Hernández García !
Liberté pour Fortino Enríquez Hernández !
Liberté pour Justino Hernández José !
Liberté pour Abraham García Ramírez !
Liberté pour Zacarías Pascual García López !
Liberté pour Alvaro Sebastián Ramírez !
Liberté à toutes et à tous les prisonnier-e-s politiques et de conscience
 ! ¡Vive le réseau contre la répression et pour la solidarité  ! ¡Vive la
Sixième Déclaration de la Forêt lacandone !
¡Vive l’Armée Zapatiste de Libération Nationale  !

Ville d’Oaxaca, juin 2013."

Source :
http://lavozdelosxiches.blogspot.fr/2013/06/palabras-de-erika-sebastian-luis-en-el.html

Traduit par Les trois passants et Valérie

Plus d’infos sur Alvaro Sebastián Ramírez et des autres prisonniers de
Loxicha :
http://liberonsles.wordpress.com/