Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques

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Communiqué du terrain communal de San Sebastian Bachajón, adhérent à la Sixième Déclaration de la forêt lacandone. Chiapas. Mexique (du 26 juin 2013)

publiée le 02/07/2013 par CSIA-Nitassinan

26 juin 2013.

Aux peuples du Mexique et du Monde
Aux compagnons adhérents à la Sixième Déclaration de la forêt lacandone
Aux médias massifs et alternatifs
Aux défenseurs de droits humains nationaux et internationaux
Aux assemblées du Bon Gouvernement
À l’Armée Zapatiste de Libération Nationale
Au Réseau contre la Répression et pour la Solidarité
Aux peuples indigènes en résistance
A l’opinion publique

Compagnons et compagnonnes en lutte au Mexique et dans le monde, nous vous
envoyons nos salutations combatives de la part des femmes et des hommes de
Bachajón. Nous sommes ici, toujours luttant et résistant avec espoir pour
la défense de notre terre mère, contre la spoliation de nos terres de la
part du maudit gouvernement qui veut uniquement semer la terreur et la
destruction au sein de nos villages.

Les mauvais gouvernements assassinent et emprisonnent tous ceux et celles
qui luttent pour de meilleures conditions de vie dans leurs villages.
Ainsi, il y a deux mois, le gouvernement a fait assassiner notre compagnon
Juan Vázquez Guzmán par le biais de ses sicaires pendant que notre
compagnon se reposait tranquillement chez lui. Agissant par traîtrise, le
gouvernement l’a assassiné pour en finir méprisablement avec notre lutte,
mais il s’est trompé, car nous sommes ici debout, nous ne lâcherons rien
et nous ne partirons jamais de nos terres, lieux où sont nés nos pères,
nos mères, nos grands-pères et grands-mères, parce qu’eux aussi se sont
battus et ont donné leur vie pour la terre mère.

Nous connaissons bien le jeu pervers mené par le gouvernement. Il va dire
qu’il rendra justice pour la mort de notre compagnon Juan Vázquez Guzmán,
qu’il mènera des enquêtes et arrêtera les responsables du meurtre, mais
mettra-t-il en prison le secrétaire général Noe Castañon Leon et sa bande
pour ce qui est arrivé à notre compagnon Juan Vázquez Guzmán et pour le
pillage de notre territoire de San Sebastián Bachajón ? Eux sont
tranquilles en menant leur magouilles par leur abus de pouvoir, leur
argent, en achetant les juges, comme ce fut le cas du juge Jose del Carmen
Constantino Avendaño du septième district de Tuxtla Gutierrez afin de
dissoudre notre recours 274/2011, en se moquant ainsi de notre village qui
résiste et défend pacifiquement son territoire, comme tel est son droit.

Noe Castañon Leon et sa bande, ce sont des profiteurs qui gaspillent
l’argent public de nos impôts, s’enrichissent à travers notre souffrance,
notre exploitation, notre travail ; leurs familles, par piston, occupent
des postes au sein du gouvernement et c’est le peuple lui-même qui est
obligé de les entretenir. Le gouvernement est corrompu et médiocre, il est
arrivé au pouvoir par l’achat de voix en profitant de la pauvreté des
gens. Pour lui, c’est une bénédiction que nous soyons pauvres car ceci
arrange bien ses programmes nommés « croisades contre la faim », « 
pro-champs », qui sont en réalité des miettes pour nous maintenir dans la
pauvreté et la misère. Le gouvernement ne veut surtout pas notre autonomie
en tant que peuples. C’est pourquoi il achète les autorités locales, tel
Francisco Guzmán Jimenez (alias goyito) qui a trahi son peuple en échange
de quelques miettes que lui a lancées le patron-gouvernement ; de même il
a imposé par la fraude le commissaire local Alejandro Moreno Gomez ; de
même encore il utilise nos frères indigènes de la région de Agua Azul qui
deviennent paramilitaires pour attaquer la résistance de San Sebastian
Bachajón et celle de Bolom Ajaw.

Notre compagnon Juan Vázquez Guzmán avait parfaitement connaissance de
tout ce que le mauvais gouvernement tramait à notre encontre, il rêvait de
voir notre village libre de l’oppression, des abus, de l’exploitation, il
luttait pour l’autonomie de son peuple.

Nous exigeons la libération immédiate de nos compagnons ANTONIO ESTRADA
ESTRADA, MIGUEL VAZQUEZ DEARA* et MIGUEL DEMEZA JIMENEZ, arrêtés
injustement par le mauvais gouvernement. Antonio Estrada Estrada est
emprisonné dans la prison de Playas de Catazajá, Miguel Vázquez Deara est
emprisonné à Ocosingo ; tous les deux ont été désignés par les complices
de l’ex-commissaire local Francisco Guzmán Jiménez (alias el goyito) tels
que Carmen Aguilar Gómez Primero, Juan Álvaro Moreno, Manuel Jiménez
Moreno et Miguel Ruiz Hernández. Une fois arrêtés, nos compagnons ont été
emmenés par la police étatique et fédérale, ils ont été torturés, puis les
délits de vol avec violence et port d’arme à feu ont été fabriqués. Depuis
2011, ils se trouvent injustement prisonniers. Miguel Demeza Jimenez est
emprisonné à la prison de l’Amate, il a été également torturé et arrêté
par l’unité spécialisée contre la délinquance organisée, accusé à tort de
vol et séquestration. Il se trouve depuis 2010 injustement prisonnier.

Récemment, le compagnon Miguel Vázquez Deara a intenté un recours
d’appellation ; la procédure sera révisée et mercredi 26 juin une réponse
devra être prononcée concernant sa situation juridique. Nous exigeons donc
du juge mixte d’Ocosingo la libération de notre compagnon qui est
innocent, qui a été torturé et dont les délits supposés ont été fabriqués
de toutes pièces. Pour ce qui est de notre compagnon Miguel Demeza
Jiménez, accusé à tort de vol avec violence par l’unité spécialisée contre
la délinquance organisée, son recours 1478/2012 doit également être résolu
par le juge du cinquième district de Tuxtla Gutierrez. Nous exigeons la
liberté de notre compagnon.

Le 20 juin dernier, la confrontation qui devait avoir lieu entre notre
compagnon Antonio Estrada Estrada et les policiers qui l’ont arrêté
illégalement, a été suspendue du fait de l’absence d’un traducteur tseltal
et d’un avocat commis d’office. Ceci constitue une atteinte à ses droits,
qui s’ajoute aux nombreuses injustices dont souffrent tous nos compagnons
prisonniers.

Compagnon Juan, aujourd’hui, nous nous souvenons de toi par des prières et
des chants traditionnels. Cher compagnon Juan, toi qui te reposes en ce
moment en meilleure vie, toi qui as donné ta vie pour ton peuple et lutté
pour la libération des prisonniers politiques, nous te disons de ne pas
t’inquiéter car nous ici, nous continuons à lutter, à nous organiser
contre ce maudit système capitaliste. Ta vie est une semence d’espoir, de
révolte qui pousse dans les cœurs de chaque enfant, chaque femme et chaque
homme de San Sebastián Bachajón et aussi dans les cœurs des compagnons et
des compagnonnes partout dans le monde.

Nous saluons avec joie les mots de solidarité et de soutien de nos
compagnons du Mouvement de justice pour le quartier, du Grupe de
Solidarité avec le Chiapas de Dorset, du Comité du mot véritable de
Calcuta et Alisal, du compagnon Hugo Blanco du Perou, du Mouvement pour la
paix avec justice et dignité. Recevez une embrassade solidaire et
combative de notre village pour continuer votre lutte.

Demain 25 juin commence la Campagne Mondiale : Juan Vázquez Guzmán Vive,
la lutte de Bachajón continue  ! Notre cri de liberté et de justice
résonnera dans chaque coin du monde. Nous demandons aux compagnons et
compagnonnes de crier ensemble, comme vous, pour que justice soit faite à
notre village et pour que la liberté soit rendue aux prisonniers
politiques ANTONIO ESTRADA ESTRADA, MIGUEL VAZQUEZ DEARA*, MIGUEL DEMEZA
JIMENEZ, ALBERTO PATISHTAN GOMEZ, ROSARIO DIAZ MENDEZ, ainsi qu’à tous les
prisonniers politiques du Mexique et du monde.

Depuis la zone nord du Chiapas, recevez une embrassade de la part des
femmes et des hommes de San Sebastián Bachajón.

Attentivement.

¡Tierra y libertad !

¡Hasta la victoria siempre !

Presos políticos ¡Libertad !

¡Juan Vázquez Guzmán Vive, la Lucha de Bachajón sigue !

Source Enlace Zapatista

Traduit par les trois passants et Valérie

*Miguel Vazquez Deara a été libéré le 26 juin 2013 !

Plus d’infos sur Bachajón :
http://liberonsles.wordpress.com/campagne-pour-san-sebastian-bachajon/