Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques

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[Chiapas] Des nouvelles concernant le cas d’Alberto Patishtán.

publiée le 16/09/2013 par CSIA-Nitassinan

Voici une partie de la conférence de presse du 13 septembre 2013, donnée par Patishtán, depuis la prison n°5 de San Cristobal de las Casas au Chiapas.

Le lendemain de la ratification par le tribunal de sa condamnation à 60 ans de prison, Patishtán insiste pour dire qu’il ne sollicitera pas la grâce présidentielle pour être libéré, car il est innocent. Ce sont eux qui devraient s’excuser pour ce qu’ils m’ont fait subir – a déclaré Patishtán

« J’ai toujours dit que je ne demanderais pas la grâce présidentielle, parce que  : de quoi vais-je demander pardon ? ; au contraire, ce sont eux qui devraient me demander pardon pour ce qu’ils m’ont fait ; je souhaite seulement que justice soit faite, rien de plus » – a–t’il déclaré”

- « s’ils vous offraient la grâce présidentielle  : l’accepteriez-vous sans l’avoir demandé  ? »

-  » je vous répète : je veux seulement qu’ils me libèrent parce que je suis innocent  ; je demande seulement qu’ils me libèrent un point c’est tout. »

Il a soutenu que les magistrats du premier tribunal associé du vingtième circuit siège, à Tuxtla Gutiérrez, ont refusé de le libérer « peut-être à cause de ma couleur de peau ou parce que je suis indigène  ; peut-être parce que je ne suis pas étranger, ni blanc et parce que je ne parle pas d’autres langues, ou parce que je n’ai pas le pouvoir économique de faire autre chose ».

Il a déclaré qu’il fera appel aux tribunaux internationaux afin d’obtenir sa libération. « Tristement je peux dire que nous devons sortir du Mexique pour chercher la justice, ça ne devrait pas être ainsi. Nous devons aller avec Amnesty International. J’ai dit ma vérité et elle ne peut pas être sans fondement. »

Accompagné par sa fille Gabriela Patishtán Ruiz et sa petite-fille Génesis, d’à peine trois mois, il a déclaré : « comme vous le savez bien, hier on avait tous l’espoir que les autorités démontraient un peu de justice, mais ça n’a pas été le cas, tout le contraire » – a-t’il signalé.

« Les autorités ne voient pas les choses comme je les vois  ; si je leur prêtais mes yeux, je crois que les choses seraient différentes ; si je leur prêtais la conscience que j’ai, les choses seraient différentes », exprime-t-il, avant d’ajouter : « je ne me tairai pas, je continuerai à lutter et la vérité se saura un jour. Je suis tranquille, un peu indigné de ce qui s’est passé, mais ici je suis debout avec courage, je vais à la recherche de la liberté. »

« J’ai la conscience tranquille et cela me donne du calme, du courage et de la force pour continuer à vivre ; n’importe où que je sois, l’important est de rester en vie » a-t-il dit. Il a également souligné que toute solidarité était la bienvenue afin d’obtenir sa liberté et celle des autres prisonniers injustement arrêtés.

D’autre part dans leur bulletin d’information n°26, du 12 septembre 2013, le Centre des droits de l’homme Frayba déclare : « La « justice Mexicaine » nous montre une triste leçon, indigne est la décision prise par les magistrats du Premier Tribunal Collégial du Circuit, siégeant à Tuxtla Gutiérrez, Chiapas : Freddy Gabriel Celis Fuentes, Manuel de Jesús Rosales Suárez et Arturo Eduardo Zenteno Garduño, refusant la liberté au professeur indigène Alberto Patishtán Gómez. » (…) « La barbarie du système carcéral au Mexique a été mise à nu grâce aux témoignages tels que celui du professeur Patishtán à qui le gouvernement mexicain, de façon injustifiée et répressive a refusé la liberté à plusieurs reprises et en ayant connaissance de son innocence. Durant son séjour en prison, diverses violations aux droits humains se sont accumulées tels que : les irrégularités au cours de son procès, l’isolement, des traitements humiliants, cruels, inhumains et dégradants, la torture, la discrimination, les violations graves à sa santé, tout ceci lié à son intégrité et sa sécurité personnelle ».

Le Centre ajoute que la privation arbitraire de sa liberté, depuis ce 19 juin de l’année 2000, a déchiré son projet de vie, en lui arrachant treize années de ses rêves, de son travail, de ses espoirs aux côtés de sa famille et de son village indigène tsotsil. Cependant, aujourd’hui, depuis la prison, il continue son cheminement de lutte, où la conscience de dignité ne cède pas.

Enfin le Frayba signale qu’afin de faire reconnaître l’innocence du professeur Patishtán, ce centre de Droits de l’homme a déposé, depuis le mois d’ août 2010, une demande d’ouverture de pétition devant la Cour Inter-américaine des Droits de l’homme (CIDH) contre l’État mexicain  ; la procédure a suivi son cours et, durant le mois d’octobre, sera relancée de manière directe devant des mandataires et le secrétariat général de la CIDH, jusqu’à obtenir que l’on remette le professeur Patishtán en liberté et qu’il obtienne réparation pour les violations systématiques que l’État mexicain a commis et commet encore contre l’un des prisonniers politiques de plus grande qualité morale au Mexique.

Quant aux organisations solidaires adhérentes à la sixième déclaration zapatiste, le groupe de travail « No estamos todxs » qui accompagne et suit le cas du professeur Patishtàn de près, a signalé dans son communiqué du 13 septembre : « La vergogne a un visage et la justice des peuples a une mémoire, dans le cas de Patishtán entrent beaucoup des visages que nous n’oublions pas. Corrompus, coupables de tortures, détestables et traitres, tels sont les visages du président municipal de l’époque où Patishtàn a été arrêté dans les années 2000 par vengeance politique : Manuel Gómez Ruiz ; les présidents Zedillo, Fox, Calderón et Peña Nieto- assassins et répresseurs ; les gouverneurs Juan Sabines Guerrero et Manuel Velazco Coello, qui se sont seulement servis du professeur pour leurs magouilles politiques sans jamais faire quoi que ce soit pour le libérer … il s’agit de toute une famille de criminels remplie de pouvoir, et aujourd’hui, nous pouvons rajouter les noms des bureaucrates tels que les magistrats de la Cour suprême, qui ont accepté l’acharnement du mauvais gouvernement contre un militant social ».

Les compagnons finissent leur communiqué en nous rappelant que « la lutte continue, qu’Alberto va continuer la lutte, toujours en dénonçant les mauvaises conditions carcérales dans lesquelles il se trouve séquestré. Il va continuer à organiser beaucoup d’autres prisonniers en faisant de la prison une usine de conscience. Il continuera à être un exemple pour tous et toutes »

Et comme Alberto Patishtan disait dans une interview du documentaire intitulé « Vivre ou mourir pour la vérité et la justice » :

« La lutte que je mène n’est pas seulement pour régler mon cas. C’est pour tout le monde. Il n’y a pas que moi qui souffre. Beaucoup sont arrêtés pour des injustices. Certains parce qu’ils sont pauvres : ils n’ont pas pu se payer un avocat. D’autres parce qu’ils ne savent pas parler espagnol. C’est pour ça que je me bats : parce qu’il n’y a pas de justice ».

Par Les trois passants
Corrections Myriam.

Sources :
Periódico La Jornada
Boletín : Una más, la justicia en México oscura y decadente
Communique du GT « No estamos Todxs » 13/09/2013
SIPAZ

Plus d’infos sur le Blog d’Alberto et sur Infos sur Patishtán et la Voix de l’Amate et Solidaires

http://liberonsles.wordpress.com/