Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques

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ACTION ! - Assassinat du militant Shuar, José Tendetza, opposant à l’industrie minière à grande échelle en Équateur et appel à soutenir la CONAIE

publiée le 19/12/2014 par CSIA-Nitassinan

Assassinat de José Tendetza, opposant à l’industrie minière à grande échelle en Équateur

Mercredi, 10 Décembre, 2014

Par  : Collectif ALDEAH

Le mercredi 3 décembre 2014, José Tendetza, dirigeant de la communauté Shuar de Yanua (Canton du Pangui, Province de Zamora, Equateur) et farouche opposant à l’industrie minière à grande échelle, a été retrouvé mort sur le bord du fleuve Zamora. Alors que José avait été porté disparu depuis cinq jours, la police s’est empressée d’enterrer le corps qui leur aurait été remis par les employés de la mine de Mirador (en cours d’exploration par l’entreprise ECSA), et cela sans aucune autopsie. Pour reconnaître le corps, les membres de la famille n’ont eu droit qu’à une photographie du défunt sur laquelle il semblait être ligoté par des liens de couleur bleue.

Le leader indigène, qui refusait de se faire exproprier de ses terres, avait été attaqué en justice en novembre 2013 par l’entreprise minière ECSA (Ecuacorriente SA), détenue par les sociétés chinoises Tongling et China Railways, et avait fait l’objet de nombreuses menaces. Au moment de sa disparition, il se rendait à une réunion de l’Association des Shuars de Bomboiza pour traiter des problèmes liés aux activités de l’entreprise minière dans la région.

Si les auteurs et les commanditaires du crime restent, jusqu’à ce jour, inconnus, compte tenu du nombre d’assassinats de leaders, de militants, de syndicalistes et de paysans en Amérique Latine, la crainte est forte que la mort de José Tendetza soit en relation avec ses activités militantes. Cherchait-on à l’empêcher de parvenir jusqu’au lieu de la réunion, puis de voyager au Pérou (Lima) pour y dénoncer les méfaits de l’exploitation minière à l’occasion du Tribunal International des Droits de la Nature, comme il avait l’intention de le faire ? Cet assassinat est-il lié à l’expansion du front extractif dans la Cordillère du Condor (Amazonie équatorienne) ?
Si cela s’avérait être le cas, alors José Tendetza viendrait ajouter son nom à la longue liste d’assassinats d’opposants à l’extractivisme sous toutes ses formes : en novembre 2013, Freddy Taish, Shuar de la communauté de San José de Piunts est abattu par l’armée en Equateur ; au Nord du Pérou (Cajamarca) ; la répression de la lutte contre le projet minier Conga a déjà fait plus de cinq morts, en 2005, 32 personnes ont été torturées par des employés (vigiles) de l’entreprise minière Monterrico Metals, à Ayabaca (Province de Piura) ; au Mexique et en Colombie, les morts sont tellement nombreux que plus personne ne parvient à tenir à jour la liste macabre. Selon un rapport publié par l’ONG Global Witness, au moins 908 « défenseurs de la terre et de l’environnement » ont été tués entre 2002 et 2013 dans le monde, dont au moins 760 en Amérique latine, sachant que ce décompte ne comptabilise que les cas les plus connus. En France, le 26 octobre dernier, Rémi Fraisse a été tué par une grenade lancée par un gendarme alors qu’il protestait contre la construction d’un barrage à Sivens (Tarn), projet tout aussi « inutile » (sauf pour ceux à qui il rapporte) et dévastateur que les mines dans la Cordillère du Condor.

Ici et là-bas, la machine capitalo-extractiviste broie les territoires et tue leurs habitants.
Dans bien des cas, trop souvent, loin d’être fortuite, cette violence est calculée. Elle est une stratégie, employée afin de mieux assurer l’extension du capitalisme et de son immonde rejeton, l’extractivisme, tous deux épaulés en ce sens par les Etats, leurs partenaires dévoués.

Nous réclamons que lumière soit faite sur l’assassinat de José Tendetza et réitérons notre entière solidarité, par-delà les frontières, avec tous ceux qui se dressent contre ces projets mortifères au point, parfois, de risquer leurs vies.

Toutes nos pensées sont tournées vers la famille, les amis et les proches de José.

Ni oubli, ni pardon !

Le collectif ALDEAH

Sources : http://www.aldeah.org/fr/assassinat-de-jose-tendetza-opposant-lindustrie-miniere-grande-echelle-en-equateur


ACTION EN SOUTIEN À LA CONFÉDÉRATION DES ORGANISATIONS INDIGÈNES D’EQUATEUR - CONAIE !

Au lendemain de l’obscur et ignoble assassinat du militant José Tendetza, le président Équatorien Rafael Correa a décidé d’expulser la CONAIE (Confédération des organisations indigènes d’Equateur) de son siège historique. La CONAIE est un acteur majeur de la lutte des peuples autochtones contre les politiques néolibérales en Équateur, qui a contribué à écarter du pouvoir de nombreux présidents néolibéraux / conservateurs pendant la longue nuit néolibérale des années 1990 - début années 2000.

Vous trouverez ci-dessous une lettre ouverte à signer et faire signer largement. Boaventura de Sousa Santos a également envoyé une lettre ouverte en son nom propre (ici).

MODÈLE DE LETTRE
( à copier et renvoyer par courrier électronique - après avoir ajouté votre nom, adresse, ville et pays - aux personnes suivantes : Alejandra Santillana alesantillana@hotmail.com et Pablo Ospina halcon6719@yahoo.es )

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CARTA ABIERTA AL PRESIDENTE DE ECUADOR, RAFAEL CORREA DELGADO

Diciembre de 2014

Señor Presidente Constitucional del Ecuador
Rafael Correa Delgado
Presente.-

Quienes suscribimos esta carta recibimos sorprendidos la noticia de que el gobierno del Ecuador decidió revocar el convenio de comodato establecido en el año 1991 para el uso del edificio de la Confederación de Nacionalidades Indígenas del Ecuador, CONAIE. A nuestro juicio es evidente que las razones aducidas (la utilización del local para la rehabilitación de jóvenes con problemas de adicción) no son satisfactorias : un Estado como el ecuatoriano dispone de muchos lugares en mejores condiciones y ubicación para semejantes tareas. La medida carece de justificación.

Más que un acto de retaliación esto constituye una falta de respeto a la memoria y la historia de una organización a la que el Ecuador le debe luchas democráticas y transformaciones sociales extraordinariamente profundas y positivas. Más que un acto administrativo sin intención política, parece una prueba de sectarismo muy preocupante. Más que un acto aislado, parece el más reciente incidente de una sucesión de episodios de intolerancia hacia la crítica de diferentes movimientos sociales del más variado tipo.

En nuestra opinión, su gobierno no necesita semejantes exabruptos y pierde autoridad moral con esta lógica de afirmación de fuerza y de intimidación. No es tarde para rectificar. Sería un acto valeroso de inteligencia política y de generosidad de Su parte si diera una prueba contundente de reconocimiento a las históricas gestas liberadoras de la más grande de las organizaciones de los pueblos y nacionalidades indígenas del Ecuador. Los pueblos de nuestra América y las fuerzas progresistas del mundo entero no olvidan esa gloriosa historia. Usted tampoco debería ignorarla.

Atentamente

Nom :_________________________________________
Organisation : __________________________________
Adresse : _____________________________________
Ville : ________________________________________
Pays : _______________________________________


Traduction en français :

LETTRE OUVERTE AU PRÉSIDENT DE L’ÉQUATEUR, RAFAEL CORREA DELGADO

Décembre 2014

Monsieur le Président,

Les signataires de cette lettre ont appris avec étonnement que le gouvernement équatorien avait décidé de révoquer unilatéralement le contrat de prêt à usage établi en 1991 et concernant l’utilisation de l’immeuble de la Confédération des Nationalités indigènes d’Equateur, la CONAIE. Il nous semble évident que la raison invoquée (l’utilisation de ces locaux pour y installer un centre de réhabilitation de jeunes toxicomanes) n’est pas convaincante : un État comme l’Équateur dispose de nombre de locaux en meilleurs conditions et mieux adaptés à cette fin. Cette mesure est injustifiée.

Plus qu’un simple acte de représailles, il s’agit d’un manque de respect envers la mémoire et l’histoire d’une organisation à laquelle l’Équateur doit toute une série de luttes démocratiques et de transformations sociales extraordinairement profondes et positives. Loin d’être une décision administrative sans arrière-pensée politique, cela nous semble être une manifestation de sectarisme extrêmement préoccupante. Et loin d’être un acte isolé, ce dernier incident couronne une série d’épisodes d’intolérance envers les critiques adressées au gouvernement par une gamme très variée de mouvements sociaux.

Il nous semble que le gouvernement équatorien peut se passer de tels faux pas et perd son autorité morale à travers cette logique de démonstration de force et d’intimidation. Il n’est pas trop tard pour rectifier. Ce serait un acte courageux d’intelligence politique et de générosité de votre part que de donner un signal éminent de reconnaissance de la geste émancipatrice de la plus importante organisation des peuples et des nationalités indigènes de l’Équateur. Les peuples des Amériques et les forces progressistes du monde entier n’ont pas oublié pas cette glorieuse histoire. Vous ne devriez pas non plus l’ignorer.

Sincères salutations,


Merci à Maxime Combes pour avoir transmis cette information !