Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques

Espace adhérents

Communiqué du Congrès National Indigène (CNI) - « LA TEMPÊTE QUI S’INTENSIFIE »

publiée le 18/09/2018 par CSIA-Nitassinan

Communiqué du Congrès National Indigène (CNI)

« LA TEMPÊTE QUI S’INTENSIFIE »

Au peuple du Mexique

Aux réseaux de soutien au CIG

A la Sexta nationale et internationale

Aux médias

Nous faisons savoir la mort du compañero César Vargas Castro

Nous exigeons que soit retrouvé vivant Sergio Rivera Hernández

Punition des coupables des lâches attaques perpétrées contre les étudiants

Pour nous les peuples originaires, rien n’a changé, vu que la consigne et le message qui vient d’en haut, c’est le violent démantèlement de n’importe quelle organisation sociale d’en-bas qui réclame ses droits. C’est la guerre, qui déborde et s’amplifie contre toutes et tous.

Notre chemin recherche la vie, et ce à quoi nous nous confrontons, c’est à la mort qui, même maquillée sous n’importe couleur électorale, reste la même mort que le pouvoir en vigueur ou qui vient d’être élu prétend occulter à l’aide de paroles mensongères. La mort qui ne nous est pas seulement destinée à nous, les originaires et gardiens de la terre-mère, de laquelle les possesseurs de l’argent prétendent tirer leur richesse mondiale aux frais de notre extermination. Leur stratégie, c’est la guerre violente partout, contre les personnes qui les dérangent ou qui sont de trop, pas seulement nous, qui sommes de fait concentrés à construire et à faire croître un nouveau monde soigné de cette maladie mortelle qui se nomme le capitalisme.

En tant que Conseil Indigène de Gouvernement - Congrès National Indigène, nous répudions l’agression pratiquée par les groupes de choc désignés sous le nom de “porros” contre les étudiants qui manifestaient pacifiquement afin d’exiger la démocratisation des structures de gestion de la UNAM (Université Nationale Autonome de Mexico) le 3 septembre dernier. Suite à cette agression, les compañeros Joel Sebastián Meza García et Emilio Aguilar Sánchez sont toujours à l’hôpital [1].

Soeurs et frères du Réseau Universitaire de Soutien au Conseil Indigène de Gouvernement, soeurs et frères de toute la communauté universitaire, étudiants dignes et rebelles qui font battre le coeur de notre pays pour exprimer au régime capitaliste, autoritaire et corrompu que quelque chose en bas est en train de naître.

Nous nous dirigeons avec respect vers vous, qui vous organisez face aux agressions des puissants qui défendent leurs intérêts. Nous autres avons affronté durant des décennies les groupes paramilitaires qui ont attaqué nos communautés et assassiné nos enfants, nos parents et nos frères et soeurs. Les groupes violents au service de ceux qui cherchent à démanteler la résistance depuis l’intérieur. Nous avons appris que la seule manière de nous défendre, c’est de nous maintenir organisés, pas juste un jour, mais de manière permanente.

Nous vous demandons de ne pas hésiter, car il n’y a pas d’autre chemin que celui consistant à exercer le véritable gouvernement au sein des structures universitaires. Pour cela, à l’aide de votre indignation organisée, vous nous avez démontré qu’il est possible et urgent que le pouvoir qui nait et qui surgit d’en-bas devienne un nouveau gouvernement pour l’université et pour tout ce pays et le monde entier. Notre parole, c’est l’autonomie, c’est-à-dire que notre lutte de tous les jours consiste à construire et à exercer nos manières de faire, afin de décider et d’exercer la vie au sein de nos communautés.

Nous saluons avec respect la juste lutte entreprise par les compañeros du Syndicat Indépendant de travailleurs de Goodyear Mexico, qui en juillet dernier ont été agressés par un groupe de choc au service des patrons et d’un mal-nommé syndicat de biffins, qui ont envoyé un groupe de choc de près d’une centaine de personnes armés de pierres et de bâtons pour séquestrer les compas du tour de garde nocturne afin d’éviter qu’ils se joignent à l’exigence du respect de leurs droits [2].

Sur le même air, faire exister la vie au milieu de la destruction sans fin, c’est avec une rage et une profonde tristesse que nous rendons publique la mort du compañero César Vargas Castro, abattu le 26 août dernier pour avoir défendu le territoire de la destruction réclamée par ceux d’en-haut pour leur propre bénéfice. Après neuf jours passés entre la vie et la mort, le mauvais gouvernement et ses groupes armés lui ont retiré la vie ce mardi 4 septembre.

Nous partageons de manière collective la douleur et la rage des proches de notre compañero et de ceux qui luttent à ses côtés en s’organisant au sein du Front National pour la Libération des Peuples [organisation paysanne de l’Etat du Guerrero]. Nous exigeons justice, vérité et punition pour les coupables.

Nous exigeons que soit retrouvé vivant notre compañero Sergio Rivera Hernández, porté disparu depuis le 23 août par la faute de groupes armés du mauvais gouvernement et de l’entreprise minière Autlán dans la Sierra Negra de Puebla [3].

Depuis la tempête qui s’intensifie

Pour la reconstitution intégrale de nos peuples
Jamais plus un Mexique sans nous

Septembre 2018

Congrès National Indigène
Conseil Indigène de Gouvernment

Source : Congrès National Indigène

Traduction et notes 7NubS

[1] Le 3 septembre 2018 une violente attaque d’un groupe de choc anti-grêve était perpétrée contre une manifestation pacifique des étudiants du Collège de Sciences et Humanités d’Azcapotzalco, l’un des principaux "lycées" de la UNAM, bloqué depuis fin août suite à un violent conflit avec la direction de l’établissement. Depuis lors plus d’une quarantaine d’établissements d’études supérieures de la capitale se sont mis en grève reconductible afin de dénoncer les agissements des groupes de "porros" (supporters de football américain liés aux autorités et utilisés pour "casser" les mobilisations étudiantes sur les facultés mexicaines), le meurtre d’une étudiante du CCH oriente, toujours non résolu à ce jour, et porter toute une série d’exigences auprès des autorités universitaires

[2] le 9 juillet dernier dans la ville de San Luis Potosi, les travailleurs en lutte de la plus grande usine Goodyear d’Amérique latine étaient licenciés suite à une grêve sauvage menée en avril 2018 afin de dénoncer leurs conditions de travail et leur salaire misérable - 10 euros par jour. Suite à l’occupation de l’usine durant la nuit pour protester contre les licenciements, l’usine fut violemment attaquée par le syndicat aux ordres du patronat et une organisation de biffins liés aux autorités municipales Plus d’infos ici

[3] voir l’appel à mobilisation pour le retrouver vivant