Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques

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Intervention de Taneyulime Pilisi (Kalin’a, Guyane), présidente de l’association AUKAE et membre du CSIA-Nitassinan

publiée le 05/07/2022 par CSIA-Nitassinan

MEDPA 15ème Session
Taneyulime Pilisi - Déclaration conjointe de AUKAE et du CSIA-NITASSINAN

Dans le cadre de la Décennie internationale des langues autochtones.

"Bonjour, Madame la Présidente je vous remercie, je m’appelle Taneyulime PILISI, de la nation Kalin’a de Guyane française, présidente de l’association AUKAE, et je présente cette déclaration conjointement avec le CSIA-Nitassinan, membre de l’Alliance européenne pour l’autodétermination des peuples autochtones.

La Guyane, département français régit par le droit français, et ne bénéficiant pas de droit local, répond à l’article 2 de la Constitution française de 1958, qui dispose que « la langue de la République est le français », mettant en péril la langue de mon peuple : le Kalin’a, mais aussi celle des 6 autres peuples autochtones présents sur le territoire de la Guyane française.

Dont les locuteurs sont de moins en moins nombreux du fait du déclin du nombre de la population, du entre autre à notre exposition première à la pollution issue des multinationales installées sur nos terres, mais aussi, du fait des pensionnats autochtones, appelés « home indiens », autorisés et imposés par l’Etat français, officiellement jusqu’en 1989, qui ont considérablement accentués la perte de nos langues et de nos cultures. Cette politique d’assimilation et d’acculturation fait écho à ce qu’ont pu subir d’autres peuples autochtones, comme nos soeurs et frères autochtones au Canada.

A la fin des année 80, suite au déclin du nombres de locuteurs Kalin’a, au retour des anciens pensionnaires des « homes indiens », un important travail est fait dans notre communauté pour la graphie et la codification de notre langue et elle est en partie enseignée dans les écoles maternelles depuis 1998. Une section bilingue, en dernière section de maternelle a d’ailleurs été ouverte en 2017.

J’ai eu l’honneur de participer à l’événement d’inauguration, aux cotés de représentants Anishinaabe, Wayana, Kanak de Nouvelle-Calédonie, et Maohi de Polynésie, organisé par le projet Links, au siège de l’UNESCO à Paris, afin de mettre en lumière les langues autochtones de France, et notamment la langue Kalin’a en Guyane.

Nous aimerions profiter de cette décennie des langues autochtones, lancée par
l’UNESCO, pour revitaliser nos langues, les protéger et surtout les faire reconnaître par les Etats, dont la France.

Ainsi, j’appelle la France à donner le statut de langue régionale au Kalin’a, comme le prévoit la charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Nous demandons que la France la ratifie au début de cette décennie, en réparation des dommages faits à nos peuples.

Il en va de notre identité, et de l’avenir de nos futures générations".