Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques

Espace adhérents

L’affaire Leonard Peltier, le "Nelson Mandela" amérindien

publiée le 01/01/2000 par Freepeltier

« Amnesty International considère Peltier comme un prisonnier politique dont les recours pour obtenir une réparation légale ont tous été épuisés. Le gouvernement des États-Unis a rejeté à plusieurs reprises les demandes d’un réexamen officiel. Amnesty International reconnait qu’un nouveau procès n’est plus une option possible et est convaincu que Peltier devrait être libéré immédiatement et sans condition. »

Déclaration faite par Amnesty International
le 16 avril 1999, à Minneapolis (Minnesota - USA)

Leonard Peltier est un prisonnier de guerre, l’une des nombreuses victimes de la guerre cachée menée par le gouvernement américain contre l’American Indian Movement (AIM) et ceux qui le soutiennent. Au milieu des années 1970, cette offensive entraina la mort d’un grand nombre de militants, des centaines de blessés et l’emprisonnement des survivants. Cette opération de répression s’est inscrite dans le cadre du programme du COINTELPRO (counter-intelligence program-programme de contre-espionnage) orchestré et conduit par le FBI, le Bureau Fédéral d’Investigation. Le COINTELPRO est un dispositif de surveillance interne hérité de la période sombre du McCarthysme et de sa " chasse aux sorcières " dans le contexte de la guerre froide. Dans les années 1960, ce programme a surtout ciblé tous les individus et mouvements emblématiques des luttes pour un changement de la société américaine tels que Martin Luther King, Malcom X, le mouvement pour les droits civiques, la contestation contre la guerre du Vietnam ou encore le parti des Black Panthers. Le FBI était alors déterminé à neutraliser par tous les moyens les tentatives d’émancipation ethnique et sociale qui auraient pu " menacer " la sécurité interne du pays. Les tactiques généralement utilisées étaient la déstabilisation et la division par l’infiltration d’agents dans l’entourage des leaders ou des mouvements et la propagande de criminalisation et de discrédit par le biais des médias. Des décennies après, il reste encore à lever le voile sur le rôle joué par le FBI dans un certain nombre d’assassinats politiques commis aux États-Unis et toujours non élucidés.

LES ÉVÉNEMENTS SUR LA RÉSERVE DE PINE RIDGE

En 1972, Richard " Dick " Wilson a été élu président du conseil tribal de la réserve indienne oglala-lakota de Pine Ridge dans le Dakota du Sud. Il s’est attelé immédiate-ment à une épuration politique visant à écarter tous ses opposants et à instaurer un régime fait de népotisme et de répression. Il a mis en place une milice privée paramilitaire, les Goons (Guardians of the Oglala Nation) qui, comme il le sera révélé plus tard, recevait secrètement des armes et des munitions sophistiquées du gouvernement américain.Dès sa fondation en 1968, l’American Indian Movement, AIM, a canalisé les forces militantes des indiens luttant pour le respect des Traités signés entre les Nations indiennes et le gouvernement des USA et s’opposant aux traitements arbitraires et racistes perpétrés par la société dominante. L’AIM a démontré à plusieurs reprises, comme lors de l’occupation du Bureau des Affaires Indiennes à Washington en novembre 1972 (à laquelle Leonard Peltier a participé), que ses membres et leaders n’étaient plus disposés à accepter le traitement infantilisant et méprisant du gouvernement américain et qu’ils étaient prêts à des actions symboliques non-violentes pour attirer l’attention des politiques et des médias sur la réalité indienne. Cette position courageuse et sans compromis a surtout attiré l’attention du FBI qui a classé l’AIM dans la catégorie des organisations d’extrêmistes.L’AIM a répondu en 1973 à l’appel à l’aide des Indiens traditionalistes oglala lakota de Pine Ridge qui subissaient l’escalade de la violence et le règne de terreur de Dick Wilson et de ses Goons. La réserve de Pine Ridge est un territoire souverain où les forces de l’ordre du gouvernement des USA n’ont juridiction que dans les cas d’homicide ou de délits graves.

Du 27 février au 8 mai 1973 s’est déroulée l’occupation sur Pine Ridge du hameau de Wounded Knee par la Nation Oglala Lakota Indépendante et l’AIM. Celle-ci s’est achevée à l’issue de promesses faites par le gouvernement américain qui ne les honora jamais. A partir de cette période, la violence s’est intensifiée et Wilson pourchassa sans répit tous les traditionalistes, membres et supporters de l’AIM, dont 64 d’entre eux ont été assassinés en toute impunité. De plus, le FBI procéda à 562 arrestations liées à l’occupation de Wounded Knee mais n’ouvrit jamais aucune enquête sérieuse sur ces meurtres violents.En 1975, Leonard Peltier s’engagea avec d’autres membres de l’AIM à protéger et à aider la famille Jumping Bull résidant sur la réserve et étant menacée par les Goons. Le 26 juin 1975, deux agents du FBI, Jack Coler et Ronald Williams pénétrèrent sans mandat avec leurs voitures sur la propriété privée des Jumping Bull sous prétexte d’y arrêter un jeune indien accusé du vol d’une paire de bottes de cow-boy. Dans l’atmosphère de violence et de psychose quotidiennes qui règnait alors, l’intrusion des deux étrangers a déclenché un échange de coups de feu nourri qui laissa pour morts un jeune Indien, Joe Killsright Stuntz et les deux agents. L’intervention immédiate de plus de 150 agents du FBI, de Marshals, de troupes fédérales d’intervention armée, de la police tribale et de Goons qui étaient alors massés à proximité laissa à penser que cet incident était préparé à l’avance. Avec des moyens et des armes rudimentaires, Leonard Peltier et ses compagnons ont couvert l’évacuation des femmes, enfants et personnes agées qui constituaient alors la majorité des résidents de la propriété des Jumping Bull.Une fois tous enfuis, il s’ensuivit alors une des plus grandes chasses à l’homme menées par le gouvernement des États-Unis. Un jour avant la fusillade, Dick Wilson a négocié en secret et en toute illégalité le transfert de 76200 acres du territoire de la réserve au gouvernement fédéral dans le but d’y exploiter un gisement d’uranium.

LES PROCÈS

Le FBI parvint à arrêter et à traduire en justice sur des chefs d’accusation de meurtre au premier degré et de complicité de meurtre deux membres de l’AIM, Dino Butler et Bob Robideau qui étaient alors présents lors de la fusillade. Pendant ce temps, Leonard Peltier était parti se réfugier au Canada. A Cedar Rapids (Iowa), les avocats de Butler et Robideau ont été autorisés durant le procès à produire les preuves et les témoignages faisant état du contexte de violence existant sur la réserve de Pine Ridge ainsi que des activités illégales du FBI exacerbant ce climat. Les deux hommes ont été acquittés le 16 juillet 1976 sur la base de leur droit à la légitime défense. Leonard Peltier restait alors le dernier co-accusé dont disposait le FBI pour venger la mort des agents Coler et Williams. S’il avait été jugé en même temps que Dino Butler et Bob Robideau, il aurait sans aucun doute été acquitté.

Leonard Peltier a été inculpé des meurtres au premier degré des deux agents puis condamné à deux peines consécutives de prison à perpétuité le 2 juin 1977 à Fargo (Dakota du Nord), il s’est vu refusé son droit à une révision de procès, est privé de sa liberté et reste incarcéré arbitrairement encore aujourd’hui dans un pénitencier fédéral au Etats-Unis, alors que :


- son arrestation et son extradition du Canada ont été obtenues sur la présentation de dépositions frauduleuses produites par les méthodes coercitives du FBI sur la personne de Myrtle Poor Bear, une jeune femme indienne dont le témoignage sera écarté par le juge sur la base d’instabilité mentale au moment du procès de Peltier ;

- son procès a été une véritable parodie de justice, ses avocats se sont vus imposés des restrictions draconiennes dans l’argumentation de la défense et n’ont pas été autorisés à présenter des témoins clefs alors que le FBI s’est rendu coupable de subornations de témoins et de parjure en produisant des témoignages fabriqués et une expertise balistique falsifiée ;

- le gouvernement a ultérieurement et à deux reprises admis qu’il ne sait pas qui a tué les deux agents et a modifié les termes du chef d’accusation de meurtres au premier degré à complicité de meurtres, et ce en l’absence d’une révision de procès.


Groupe de Soutien à Leonard Peltier - LPSG-France
c/o Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques - CSIA
21ter Rue Voltaire, F-75011 - France
Téléphone : +33 (0)1 43 73 05 80 - Fax : +33 (0)1 43 72 15 77 (attn CSIA/LPSG-France)
Email : freepeltier@no-log.org

Leonard Peltier Defense Offense Committee (LPDOC)
PO Box 7488
Fargo, ND 58106, USA
Tél : 701/235-2206
E-mail : contact@whoisleonardpeltier.info
Web : www.whoisleonardpeltier.info